Test | Minecraft : Dungeons
22 juin 2020

Un donjon, c'est comme une boîte de chocolats

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Minecraft : Dungeons

On l'aura attendu ce Minecraft : Dungeons. L'impatience était grande pour découvrir cette première digression de l'univers Minecraft qui nous paraissait tellement évidente. Après tout, se balader dans des niveaux exigus en tuant des ennemis, n'est-ce pas aussi une partie des caractéristiques de ce jeu révolutionnaire ? Il faut croire que la réponse n'était pas aussi certaine puisqu'une partie du travail a été confié à Double Eleven. Alors, autant de mains ont-elles suffi à produire un titre à la hauteur ?

Le principe

Minecraft : Dungeons est un hack and slash, vous envoyant dans les niveaux massacrer des monstres en masse en vous faisant miroiter une meilleure arme, armure... la satisfaction étant celle de dénicher un objet rare.

Si ce genre n'est pas reconnu pour l'importance de ses histoires, Minecraft : Dungeons s'inscrit dans la tradition et porte une narration superficielle qui ne mérite pas qu'on s'y attarde ; anecdotique et prétexte à faire de toutes petites cinématiques d'ambiance qui survolent les niveaux qu'on s'apprête à visiter.

Dans un premier temps, on se dit que l'atmosphère est en réalité ce qui importe par-dessus les mécaniques elles-mêmes. Si la première impression est celle d'un jeu étriqué, les niveaux de départ font pourtant un effort sur l'ambiance, sur la variété des textures, sur une construction des niveaux ouverte avec des chemins plaisants et cohérents vers les objectifs principaux ou secondaires.

Puis le jeu s'écroule dans sa deuxième partie. La construction des niveaux n'y est plus, les égarements conduisent à des culs de sac désespérément vides, linéaires au possible. Les niveaux n'ont plus qu'une seule route, étroite et bordée de vide quand ce n'est plus que des portions de plateforme comme dans le dernier niveau. Extrêmement courts et malgré une génération procédurale, les niveaux ne se renouvellent jamais et laissent la désagréable impression de faire toujours le même parcours.

Sans compter sur cette caméra trop proche du personnage et impossible à bouger, qui rend la visibilité frustrante. S'ajoutent des bugs de collision ou des ennemis qui se perdent on ne sait où dans les entrailles du jeu et qui bloquent la progression du niveau. Retour au camp.

En réalité, et ce qui est insupportable, c'est que le jeu est d'une platitude incroyable autant dans sa construction que dans sa proposition graphique. Tout est insipide, sans surprise, sans détails, sans volonté de proposer quoi que ce soit. L'esthétique Minecraftienne est entrée dans les mœurs et les décors variés (lave, neige, champs, mine...) fonctionnent en pilote automatique. Il est incompréhensible que Mojang lui-même n'ait rien à proposer, aucune relecture d'un jeu entré dans la culture populaire.

Il n'y a que la présence des ennemis qui rassure et qui porte véritablement le jeu. Le bestiaire est charismatique et il l'est d'autant plus ici où le jeu peine à offrir une expérience satisfaisante. Que ce soit l'araignée au Creeper, en passant par les Slimes, l'Enderman et la sorcière ou des Golems de feu ; tous font leurs petits effets, tous sont agréables à combattre et rappellent finalement pourquoi on aime tant cette licence.
Le jeu peine à offrir une expérience satisfaisante

La jouabilité

Désespérement vides.

Ici tout va à l'essentiel. Aucune classe, aucun point d'expérience : les armes et armures décident de vos envies pour peu que la force de la nouvelle soit meilleure que la précédente. Les équipements peuvent s'améliorer et les points investis vous sont (astucieusement) rendus une fois l'arme vendue. Le maniement agréable du personnage va de soi, facilité par une utilisation à l'infini des objets de soins et magiques qui ne demande qu'une toute petite recharge.

Les objets s'obtiennent à l'aveugle et, puisqu'il n'y a aucune matière première à ramasser, il n'y a rien à crafter. Même les marchands, qui s'installent dans votre village (désespérément vide), vous vendent des pochettes surprises. Rassurez-vous tout de même : la variété des armes, armures et objets est grande et ne déçoit pas. Les pouvoirs qui leur sont attachés sont terriblement plaisants à découvrir et à utiliser.

Comme vous le voyez, tout concourt à vous mettre rapidement dans le bain. Le jeu n'est rien d'autre qu'un hack and slash réduit à sa plus simple expression, une sorte de Gauntlet dans l'univers de Minecraft.
Une sorte de Gauntlet

Le multi

Le mode multi nullement intuitif.

La course à l'armement, tant elle est intéressante, aurait dû vous accrocher des centaines d'heures vous faisant parcourir le jeu dans ses différents modes de difficulté. Mais en l'état cela paraît tout de même improbable tant le jeu déçoit par son univers et qu'il n'est nullement sauvé par son mode online. Sur Switch, pas la moindre personne connectée lors de ce test. Donc à moins d'avoir une bande de potes prêts à s'investir sur le jeu ou que Microsoft mette en place un online multiplateforme, cette version Switch a pour l'instant peu d'arguments surtout par rapport à un Snack World qui, lui, faisait du très beau boulot.
Peu d'arguments face à Snack World

Pour qui ?

Dans ces conditions là...

Si vous êtes fan de la licence ou que vous cherchez un jeu défouloir sans prise de tête, Minecraft : Dungeons peut constituer un terrain de jeu satisfaisant. De même, si vous êtes allergique aux japoniaiseries de Snack World, vous trouverez dans cette licence l'occasion parfaite d'arpenter les couloirs avec votre enfant. L'univers de Minecraft, ici réduit à sa plus simple expression, constitue une proposition adaptée que les enfants adoptent de suite et qu'ils seront d'ailleurs ravis de parcourir sans vous. Le jeu leur est finalement destiné, dommage qu'à certains endroits le jeu soit abusivement difficile.
Une proposition que les enfants adoptent de suite

L'anecdote

On cherche le fun !

La difficulté du titre peut être parfaitement ajustable, puisque plusieurs niveaux de difficulté par mission vous sont proposés. Le jeu se termine relativement rapidement mais se débloquent alors deux nouveaux modes de difficulté à la fin de votre aventure et qui n'ont rien de futile. L'intérêt des nombreux objets est réel, si vous accrochez au jeu et que le suivi sur la longueur se révèle intéressant, vous aurez un jeu rapidement à disposition au challenge immédiat et ajustable.
En espérant un suivi sur la longueur intéressant
Les Plus
  • Jouabilité facile d'accès
  • Des tonnes d'objets sympathiques
Les Moins
  • Mode multi déserté
  • Linéarité et pauvreté des niveaux
  • Les DLC en matelas de secours
  • Une licence aussi riche réduite à peau de chagrin
Résultat

Trop cher pour un jeu finalement à l'état primitif qu'on espère rapidement voir s'améliorer dans les futurs DLC d'ores et déjà datés. Mojang n'aura le droit qu'à peu d'erreurs tant les serveurs sont déjà désertés et qu'on a du mal à comprendre comment un univers aussi riche ait pu nous offrir quelque chose d'aussi pauvre. Reste un jeu à destination des joueurs pressés et accompagnés, qu'une jouabilité sommaire mais impressionnante par le nombre d'objets offerts provoque un plaisir de justesse accordé.

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