Test | 7th Sector
28 mai 2020

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7th Sector

Bienvenue dans le 7th Sector, le quartier de la sombre ville dystopique de Novograd où un état orwellien opère une surveillance totale sur sa population. Conscience (humaine ?) enfermée dans un écran, vous parvenez à fuir de votre cage par le câble d'alimentation. Arpentant les réseaux, activant des boutons, évoluant à travers les installations électriques, prenant possession d'objets mouvants, vous poursuivez votre quête vers une échappatoire plus qu'incertaine.

L'histoire

Peu de contexte est donné mais l'environnement, qui vit et s'anime en arrière-plan, vous en dit beaucoup. Croisement lugubre d'une Cité 17 de Half-Life² et des immeubles cyberpunks de l'excellent Observer, 7th Sector vous plonge dans un futur plus sombre que les CGV de Facebook, où le contrôle et la surveillance sont les maîtres absolus. À travers votre fuite, vous croisez tantôt des usines autonomes, des unités d'habitation en perdition, des salles d'interrogatoire, des toits d'immeubles où les publicités en néon rappellent l'ambiance de Blade Runner... Dans ce futur froid et électrique, votre vie ne semble tenir qu'à un fil.
Fuis, petit proton, fuis !

Le principe

Là, vous regrettez de ne rien avoir écouté pendant les cours de physique au collège.

Gauche, droite, pour avancer ou reculer sur votre fil ; un bouton pour accélérer, un autre pour changer de câble ou entrer dans une machine. Et c'est à peu près tout. Avec ces quelques actions basiques, 7th Sector réalise pourtant la prouesse d'offrir une multitude d'interactions avec son environnement. Il ne vous suffit pas de glisser sur un câble électrique et vous laisser porter par le courant : vous devez aller déverrouiller une porte d'ascenseur par exemple, protégée par un code, accessible en vous plongeant dans la caméra de surveillance du poste de contrôle. De là, vous pourrez zoomer sur des éléments, changer la fréquence de la caméra, et révéler les indices qui vous permettront de deviner la combinaison. Plus tard, c'est un calcul d'addition qui vous permettra de faire disjoncter un interrupteur. Par ailleurs, il faudra remplacer des valeurs 'false' en 'true' dans l'admin d'une borne pour déverrouiller une porte...

Tout objet électrique, connecté aux câbles que vous suivez, est potentiellement une opportunité pour vous permettre d'avancer. Que cela soit une voiture télécommandée abandonnée par un enfant, une boule métallique proche d'un BB-8 décapité ou encore un robot tueur qui quelque temps auparavant voulait transformer votre corps d'emprunt en gruyère, les véhicules temporaires ne manquent pas et font à chaque fois l'objet de puzzles adaptés pour abaisser les obstacles qui se dressent devant vous. Le principe reste cependant le même quel que soit l'environnement dans lequel vous évoluez : aller de l'avant. Débloquer des passages, activer des leviers, ou même fuir les caméras de surveillance en vous précipitant dans l'ombre, restent vos objectifs maîtres au fil de votre progression. Le titre n'est pas sans rappeler le principe de base des Oddworld, où Abe, dans un environnement 2D aux décors 3D évoluait horizontalement face à des pièges toujours plus vicieux.
Aucun compteur Linky ne vous résistera

Pour qui ?

JE SUIS VOITURE TÉLÉCOMMANDÉE

Même si le principe et les contrôles de 7th Sector se veulent simples, le jeu n'est pas simpliste dans son approche. Au contraire, il fait preuve d'une certaine subtilité à de nombreux égards, que cela soit dans la recherche d'indices pour les quelques énigmes, ou l'habilité que vous aurez à passer d'un câble à l'autre lorsqu'un projecteur sera pointé sur vous. Quelques passages vous donneront même du fil à retordre. Dans le premier tiers du jeu, vous atterrissez dans un ensemble d'écrans, vous faisant temporairement reprendre forme humaine sur fond de téléviseur brouillé par des parasites. Votre corps, trop grand, vous gêne, vous étiez si bien en signal électrique. Qu'importe, il vous faut poursuivre, et les décharges électriques reçues dans ce passage vous coûteront quelques sueurs froides, jusqu'à sérieusement vous irriter, voire provoquer un ragequit du jeu. Certains puzzles vous feront également sérieusement suer, faisant appel à vos capacités de calcul mental ou d'observation. Mais l'ambiance particulière, où la technologie déprimante est également votre terrain de jeu, vous poussera à reprendre le fil de vos aventures électrisées.
Le casse-tête électrisant

L'anecdote

Le type assis à gauche a un PS-VR. Eh ouais, dans le futur, ça existe encore.

Sergey Noskov : ce nom ne vous dit certainement rien. Et pourtant, c'est l'unique concepteur, développeur, graphiste, du jeu. Oui, en 2019, date de sortie du titre, il est encore possible de réaliser ce genre de petit bijou seul dans son coin. Qui plus est, Sergey a tout juste 30 ans quand il publie 7th Sector. Né et installé à Moscou, ce petit génie manie le moteur de jeu Unity avec brio. L'ambiance lumineuse qui se dégage dans le titre est l'une des raisons de son attraction : les moindres détails sont travaillés, rien n'est laissé au hasard. Bravo Sergey.
Ça l'air sympa la Russie du futur
Les Plus
  • L'ambiance techno-déprimante
  • Le game design riche malgré la simplicité des contrôles
  • La durée de vie honnête du fait d'énigmes parfois coriaces
  • Le rythme, alternant exploration, fuite, réflexion
  • Les détails graphiques un peu partout
Les Moins
  • Quelques énigmes et secrets particulièrement tendus
  • Impossible de jouer sans le son qui apporte de nombreux indices
Résultat

Surprenant, grisant, déprimant parfois, 7th Sector est un ovni complet, dans la lignée des titres cyberpunks pour qui aime voir le futur en sombre. Des contrôles ultra simples mais un game design riche d'ingéniosité en font un titre qui mérite sérieusement de s'y attarder. Malgré quelques passages plus retords que d'autres et une approche globalement linéaire, 7th Sector vous guide pour vous amener, de fil en aiguille, vers une vie meilleure. Du moins, c'est ce que vous espérez...

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