Test | MediEvil
18 nov. 2019

Héros ou Zéro ?

Testé par sur
MediEvil

Sorti à la fin des années 90 sur PlayStation, on pensait la série MediEvil perdue à tout jamais. C'était jusqu'à ce que Sony nous annonce un remake pour 2019. Sir Fortesque revient donc d'entre les morts... Encore une fois.

L'histoire

L'histoire de MediEvil nous place dans la peau de Sir Daniel Fortesque, ancien champion du Roi érigé en héros après une bataille ayant eu lieu contre le sorcier Zarok. Cent ans plus tard, ce dernier refait surface et le joueur apprend une drôle de révélation : en réalité, Fortesque s'est pris une flèche dans l'œil à peine le premier assaut débuté. Autrement dit, il était plutôt zéro que héros. Réanimé sous forme de squelette, le champion obtient une chance de se rattraper, et de devenir le héros qu'il a toujours été dans l'inconscient collectif.
Mon œil !

Les graphismes

La direction artistique est réussie et bien mise en valeur par cette refonte.

Sur le plan graphique, MediEvil est un joli remake et s'en sort plutôt bien. Surtout, la direction artistique du titre n'a pas pris une ride et ramène à une époque ou le gothique et le fantastique s'intégraient parfaitement à des jeux pourtant grand public. Les textures sont fines et la mise à niveau en 4K (pour ceux qui ont une PS4 Pro) est honnête sans être époustouflante pour autant. Un remake visuellement simple, mais qui a donc son charme.
Un remake tout bonnement joli

Le principe

La progression "ouverte" est assez moderne pour l'époque.

Là où le bât blesse, c'est lorsque l'on se penche sur la démarche globale de cette mise à niveau. Contrairement à ce que certains prétendent, MediEvil est bel et bien un remake et non une version remastérisée : tout a été recréé pour correspondre au titre d'autrefois. De ce fait, et un peu comme pour certains films Disney en prise de vues réelles, il est légitime de se questionner sur la démarche, aussi bien celle de préservation/transmission du jeu vidéo que sur l'aspect artistique.

Pour ce qui est de l'artistique c'est bien simple : il n'y a forcément aucun apport. MediEvil reprend tous les éléments du jeu initial. Vous déambulez avec Fortesque dans des niveaux faits d'énigmes et de séquences d'action. Au menu, de l'exploration et quelques armes bien senties (arbalète, épée, massue, etc.). C'est assez plaisant sur le papier... et cela le serait encore plus si les développeurs avaient fait le choix de corriger les soucis d'autrefois. De ce fait, on déplore par exemple l'absence de checkpoint (super quand vous mourrez face à un boss de fin de niveau), des passages assez vieillots et même quelques bugs à s'arracher les cheveux (parce que pas de checkpoint... vous voyez le truc ?).

Mais la plus grosse incompréhension vient justement de la vacuité de la démarche. Peut-on parler de préservation du jeu vidéo lorsqu'on altère ne serait-ce qu'un peu l'œuvre originale ? C'est une méthode en réalité particulièrement gênante. Ne faut-il pas, pour célébrer un jeu, justement reconnaître son côté intemporel et le faire vivre à travers le rétrogaming ou de simples portages ? Pourquoi ne pas avoir amélioré l'expérience en conséquence par exemple, mais en fournissant un code pour comparer avec le titre d'origine ?
Beaucoup de questions derrière un jeu à petit prix

Pour qui ?

En plus d'énigmes, il faut parfois utiliser l'arme adéquate contre certains adversaires.

En l'état, MediEvil se positionne donc bizarrement. Ceux qui l'achètent en espérant une refonte seront déçus. Et ceux qui le font en souvenir du bon vieux temps risquent d'être tout autant dépités face à certains aspects rudimentaires (collisions, hitbox, etc.). Ces joueurs en viendront même peut-être à se dire une phrase tout à fait horrible : "Pff ça a bien évolué le jeu vidéo"... le souci étant qu'ils auraient dit exactement la même chose en rejouant simplement au MediEvil de 1998.
"Je me souvenais pas que c'était aussi..."
Les Plus
  • C'est mignon
  • Progression assez moderne pour l'époque
  • Les trois quarts du temps, c'est plutôt plaisant
Les Moins
  • C'est par moment horriblement daté
  • Des bugs qui nécessitent parfois de recommencer un niveau (c'est arrivé plusieurs fois !)
  • Pas de checkpoint ? Vraiment ?
  • On peine à trouver un intérêt à la démarche... si ce n'est enterrer bêtement le jeu de 1998
Résultat

MediEvil est un cas d'école : où la frontière entre version remastérisée et remake s'arrête-t-elle ? Et où se situe la notion de préservation du jeu vidéo là-dedans ? C'est tout le problème du jeu que nous avons ici. Fidèle au possible au titre d'antan, il peine du coup à parfaitement justifier son existence. Non, pire, il rend caduque celle de son prédécesseur. C'est plus gênant que ça en a l'air : MediEvil n'est pas une simple remastérisation puisque, dans les faits, il a intégralement été refait. Que dirions nous si nous nous amusions à refaire plan par plan, sans aucune vision nouvelle, un chef-d'œuvre du cinéma ? La démarche est donc quelle que peu farfelue. Les grands titres survivent toujours, et faire croire qu'ils ont besoin d'être entièrement refaits, tels quels, est problématique. MediEvil est joli. MediEvil est relativement plaisant. Mais MediEvil est aussi rageant, aussi bien à ne pas proposer un regard neuf qu'à conserver bêtement des soucis d'autrefois. Honnêtement, qui aurait dit non à une mouture corrigée ?

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