Test | Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint
08 nov. 2019

Un jeu Ubisoft en tous points

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Tom Clancy’s Ghost Recon Breakpoint
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Ubisoft
  • Sortie initiale 4 oct. 2019
  • Genres Action, Third Person Shooter

Deux ans et demi après un Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands plutôt agréable même si loin d'être parfait, Ubisoft nous propose un nouvel épisode de la série : Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint. Dans cette fin d'année plus tranquille par l'absence de ses autres grosses licences, ce nouveau jeu a de quoi susciter l'intérêt comme l'inquiétude, avec notamment la mise en avant de son casting. Mais qu'en est-il vraiment ? Le vieux travers de l'éditeur pourrait bien ressurgir.

L'histoire

L'île d'Auroa est le lieu d'implantation de Skell Technology, une entreprise visionnaire qui travaille dans différents domaines tous liés par le progrès technique. Les employés de Skell vivent tous sur l'île pour une vie meilleure, dénuée de crime et de pollution. Enfin ça, c'était avant. Depuis quelques temps, il n'y a pas plus de contact avec cette île. Une équipe de Ghost, des soldats d'élite dont vous faites partie, est envoyée sur place pour résoudre le mystère. Malheureusement, votre équipe n'a pas le temps d'atterrir et est abattue sans trop comprendre comment. Il n'y a que vous, Nomade, qui survivez au crash de l'hélicoptère. Le chasseur envoyé par l'armée devient alors le chassé. Cole D. Walker, ancien Ghost (incarné par Jon Bernthal), a bien l'intention de ne pas vous laisser vous occuper de ses affaires et, avec son équipe, les Wolves, vous prend en chasse.

Le scénario n'est malheureusement toujours pas le point fort de la série. La présence de Jon Bernthal donne un peu de corps à l'ennemi du moment et empêche Ubisoft de nous servir un énième méchant sauce Far Cry mais cela ne fait pas tout, et bien vite vous enchaînez les missions principales comme des missions secondaires. Ubisoft a pourtant bien pensé son jeu en le remplissant convenablement avec des missions secondaires, des missions de factions, etc. Mais ce qui est le plus marquant par rapport à Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands, c'est le changement de perspective pour votre personnage. Là où Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands vous donnait l'impression d'être un surhomme soldat partant à l'aventure, vous ressentez ici plus clairement la pression de cet environnement hostile. Outre les unités au sol, les hélicoptères et les drones viendront rapidement vous barrer la route. De quoi se sentir comme un lapin le jour de l'ouverture de la chasse.
Allo Houston, on a perdu Auroa

Le principe

Le drone reste l'atout principal du Ghost : repérage, marquage pour des éliminations propres.

Ici pas de grosse nouveauté si vous êtes un habitué des jeux Ubisoft. Vous retrouvez quasiment toutes les références comme une check-list des choses biens que vous avez déjà croisés dans les autres jeux. Vous êtes face à un jeu de tir à la troisième personne orienté sur l'action, les grandes escapades et la liberté d'approche. Enfin ça c'est surtout sur le principe, car dans les faits c'est un peu plus contradictoire. Déjà, votre personnage va devoir changer d'équipement tous les loots pour être sûr d'avoir le niveau requis pour affronter l'ennemi. Si ce système marchait relativement bien sur Tom Clancy's The Division 2, là c'est plus discutable, déjà parce que le taux de loot est important et donc le passage par le menu équipement se fait toutes les deux minutes pour changer de casquette. Mais surtout parce qu'avec ce taux de drop élevé, il est impossible de choisir un équipement pour ses spécificités, le seul intérêt étant son niveau. Du coup, quel que soit votre approche du jeu, vous changer d'arme au fil des minutes sans vous soucier de leurs caractéristiques.

Dans cet open world gigantesque créé par Ubisoft, vous avez la possibilité de vous balader en véhicule ou à pied. L'idée de rajouter une barre d'endurance aurait pu être une bonne idée si celle-ci ne se vidait pas toutes les quinze secondes alors que vous avez parfois des trajets de plus de cinq minutes à faire à pied avant de retrouver un véhicule. Si bien que lors de certaines morts, avec des points de réapparition farfelus, vous allez choisir de réapparaître plus loin mais à côté d'un véhicule, pour ne pas vous éterniser dans la forêt. Un aspect survie a été ajouté pour rendre le jeu plus « réaliste ». Vous retrouvez le feu de camp de Red Dead Redemption, avec la possibilité de faire à manger pour vous apporter un boost temporaire (XP, résistance, endurance...). Cependant là aussi plusieurs choses viennent entraver les idées apportées par le bivouac. Déjà le temps d'installation est beaucoup trop long. Cela devient rapidement une purge de l'installer pour prendre un booster d'expérience ou appeler un véhicule.

Parlons des choses réussies maintenant, vous avez accès à quatre spécialités : Médecin, Assaut, Panthère et Sniper. Chacune d'entre elles vous apporte son lot de bonus si vous passez assez de temps pour les monter avec de l'expérience. Elles trouvent toutes un intérêt en solo comme en multi et les branches des arbres de compétences sont suffisamment variées pour que toutes les approches soient viables. Au bilan, on regrette un peu de ne pas pouvoir toutes les faire, ce qui est déjà un bon point.
Un jeu de tir et d'action qui en fait trop

Le multi

TOUT va bien. TOUT !

En plus de pouvoir arpenter le scénario avec ses amis, ce qui rend le jeu bien plus agréable, vous avez à disposition le mode Ghost War, le mode PvP de Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint. Sur le papier, c'est un quatre contre quatre qui se joue sur une carte réduite ayant pour but l'affrontement pour la pose de bombes sur deux objectifs. Chaque équipe ayant à tour le rôle le statut de défenseur ou d'attaquant. Avant de partir en mission, vous choisissez votre spécialité et vos armes sachant que le niveau de chacune d'elles est nivelé pour n'en tirer aucun avantage. Après quelques parties, malheureusement ce mode de jeu devient vite anecdotique car très répétitif et frustrant entre les bugs, les joueurs AFK et les problèmes de lag. Vous oubliez bien vite ce mode pour repasser sur le PVE.
En coop, pas de souci, par contre le PvP quel ennui

Pour qui ?

La modélisation des visages et leurs animations sont décevantes.

Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint est une sorte de condensé de tout ce qu'Ubisoft a produit ces dernières années avec quelques bonnes idées venues d'ailleurs. Et le tout mélangé est assez déroutant vu que certains éléments sont en contradiction les uns avec les autres : le jeu d'action est ralenti par la survie et la barre d'endurance, la survie minimisée par l'aspect RPG, l'aspect (light) RPG est rendu sans intérêt par le magasin et le taux de drop excessif, et le loot et l'équipement ne sont utiles que pour la course au niveau. Malheureusement, Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint ne se destine qu'aux seuls habitués de la licence en manque de jeu d'action.
Les joueurs en manque... de jeu d'action

L'anecdote

Le menu des missions est globalement illisible, tout comme la carte avec ses milles couleurs.

Ce qui m'a le plus agacé dans ce Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint, c'est sans aucun doute l'IA. Le jeu a pourtant d'autres défauts mais celui-là s'est avéré particulièrement soûlant. Déjà parce que l'IA a cette fâcheuse tendance à s'aligner pour grimper à une échelle ou pour rentrer dans une pièce. Il suffit alors de se coucher et de descendre les ennemis un par un jusqu'à finir la mission (et ça ne prend pas deux heures, ils se jettent littéralement sur vous). Le deuxième élément vraiment gonflant, c'est leur aptitude à ne pas vous voir ou à abandonner les recherches alors que vous venez d'abattre un ennemi devant eux et que le corps traîne négligemment dans le passage. C'est déprimant.
Tout le monde s'éclate, à la queue leu leu
Les Plus
  • Ce sentiment d'être traqué, parfois agaçant mais qui dynamise les entre-missions
  • Les environnements sont globalement jolis
  • Carte de fort belle taille
Les Moins
  • L'IA, beaucoup trop fan de Bézu
  • La physique des véhicules, catastrophique !
  • L'aspect survie qui veut rendre le jeu plus tactique mais qui entrave globalement la progression
  • La casquette qui amène parfois une meilleure protection qu'un casque pour un jeu qui se veut réaliste
  • De nombreux bugs
  • La barre d'endurance qui gâche le côté action
  • Le PvP anecdotique
  • Les enquêtes sans intérêt qui se valident seules, sans action de votre part
Résultat

L'épisode de trop ou trop tôt, c'est quasiment ce que vous pourriez vous dire en terminant Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint. Si tout n'est pas à jeter, le jeu se contente globalement de recycler les bonnes idées des autres jeux Ubisoft en l'appliquant à Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands. Le côté light RPG (la course aux loots), la volonté de gérer une partie survie, le feu de camp, sont autant de choses qui ne fonctionnent pas correctement sur un jeu d'action qui mise sur le rythme. Là où Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands réussissait finalement à vous faire vivre quelque chose d'haletant, Tom Clancy's Ghost Recon Breakpoint vous fait ralentir, et ralentir sans rien apporter réellement. Pire, il garde même tous les défauts de son prédécesseur. Il est peut-être temps de faire une pause avec cette licence pour repartir sur une base solide.

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