Test | Erica
14 sept. 2019

C'est encore meilleur la troisième fois

Testé par sur
Erica

Dernier né d'une gamme (PlayLink) de jeux qui vivote, Erica sort en catimini, en pleines vacances estivales. Pourtant, les raisons de lui faire confiance sont nombreuses : les gars de Flavourworks sont des obstinés, l'idée d'utiliser la manette au lieu de son téléphone portable est laissée au choix du joueur et le prix est des plus sympathiques. Alors Erica est-il une expérience oubliable ou le chant du cygne d'une initiative qui n'a jamais su parler aux joueurs ?

L'histoire

Encore traumatisée par un père qu'elle a vu mourir brutalement devant ses yeux, Erica ne se souvient que de l'ombre du meurtrier et de la marque terrifiante, lacérée sur le torse du père. Des années plus tard, le meurtrier se rappelle au bon souvenir d'Erica en lui envoyant un colis contenant une main tranchée et un médaillon à l'effigie de la marque laissée sur le torse de son père. Erica est prise sous l'aile d'un policier et est amenée à se reposer en sécurité à Delphi House, hôpital psychiatrique fondé par son père, endroit même où ses parents se sont rencontrés et où elle est venue au monde.

Vous l'avez compris, on a déjà vu moins poussif comme entrée en matière. Mais le Delphi House se prête à merveille à l'intrigue ; l'héroïne y découvrira son histoire, comprendra les motivations du tueur et ce qui se cache au plus profond de l'âme atroce de ces lieux épouvantables.
Au plus profond de l'âme atroce de ces lieux épouvantables

L'ambiance

Les choix apparaissent sans que cela ne soit disgracieux.

Erica est un film interactif. Un thriller à l'esthétique très appuyée qui lorgne du côté de Lynch entre réalisme, pertes mentales et onirisme, entrecoupé de visions étranges et chargé de bourdonnements et d'acouphènes... Si dès le départ, on reste dubitatif par le peu d'interactions, le jeu d'acteur maladroit et des scènes grotesques, le jeu décolle dans sa deuxième partie. Avec l'entrée en scène des seconds rôles féminins et notamment l'apparition du personnage du directeur de l'hôpital (Terence Maynard) font entrer Erica dans une autre dimension. L'actrice principale (Holly Earl) semble trouver la justesse appropriée dans la confrontation avec les acteurs et le scénario déploie de beaux moments de tension bien dialogués qui vous amènent à la fin du film avec beaucoup d'enthousiasme. D'autant plus que la mise en scène abandonne ses effets de grand guignol du début, pour revenir à quelque chose de plus modéré, laissant place à un certain raffinement fantastique.
Un certain raffinement fantastique

La jouabilité

Avec lui Erica prend une autre dimension.

Le grand principe de la gamme PlayLink est de ne pas avoir à utiliser de manette et de télécharger sur son portable l'application du jeu, qui permettra au grand public de jouer avec une maniabilité qui lui est familière. PlayLink n'ayant pas eu le succès escompté, Sony a fait marche arrière et Erica peut être joué à la manette. Et c'est tant mieux : il s'agit simplement de faire glisser son doigt sur le TouchPad pour faire bouger un curseur à l'écran ou singer les actions demandées. Dans Erica, elles sont de l'ordre du choix multiple pour des actions, questions, attitudes, et des interactions avec des objets (ouvrir une boîte, allumer un briquet, voir à travers un buisson...). L'impression est étonnamment bonne, précise ; s'en dégage une belle élégance qui rend la jouabilité agréable et extrêmement cohérente. On tient la manette comme une télécommande. La vision du film, l'imprégnation du jeu se font tout naturellement.
S'en dégage une belle élégance

Pour qui ?

La traînée blanche en bas de l'écran montre le geste à effectuer avec son doigt.

Pour les déçus des films interactifs, pour ceux qui veulent une première expérience réussie. Erica ne déçoit pas, pour 10 euros c'est un beau cadeau.
Pour 10 euros c'est un beau cadeau

L'anecdote

Sens du cadrage, de la lumière, de la mise en scène...

On se prend au jeu et c'est avec grand plaisir qu'on relance une partie. Évidemment on fera des choix différents de notre précédente partie. Grande surprise le jeu propose bien plusieurs embranchements, de véritables nouvelles directions qui changent le déroulement du film et vous font découvrir et comprendre l'histoire autrement. Épris du même enthousiasme, vous relancerez la partie une troisième puis quatrième fois, car figurez-vous qu'il reste des surprises, de nouvelles scènes à voir, des dénouements différents. Erica est à n'en pas douter irréprochable sur sa générosité.
Irréprochable sur sa générosité
Les Plus
  • L'implication des acteurs
  • Une réalisation parfaite
  • Jouabilité très agréable
  • Une rejouabilité à la hauteur
Les Moins
  • Une piètre première partie
Résultat

L'image est soignée, la mise en scène astucieuse, les interactions harmonieuses et le rythme clairsemé de tensions jusqu'au dénouement final. Erica est un jeu réfléchi, une œuvre faite avec passion. Les moyens du bord n'auront sans doute pas suffi à en faire autre chose qu'une série B mais les jalons posés par Erica sortiront peut-être à l'avenir les films interactifs de leurs carcans genrés.

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