Test | Night Call
31 août 2019

Bloqué dans la nuit

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Night Call

Développé par des Français, Night Call a su intriguer quelques rédactions et acheteurs les semaines précédant sa sortie. Il faut avouer que le titre, basant son principe sur un taxi et disposant d'une direction artistique intrigante, avait de quoi attirer l'attention. Et pourtant...

L'histoire

Vous jouez un chauffeur de taxi qui doit mener plusieurs enquêtes. La première concerne Le Juge, un tueur qui s'en est pris à vous mais auquel vous avez finalement réussi à échapper. Vous vous réveillez à l'hôpital et quelques jours plus tard, malgré les réticences de votre patron, vous reprenez votre travail. Une officier de police vous contacte pendant votre tournée pour vous demander de l'aide : en effet et même si vous avez un passé douteux et "une tête de terroriste", les clients des taxis sont généralement bavards.
"Le taxi, c'est sa vie"

Le principe

Le jeu fait souvent référence à la culture populaire, ou à "l'histoire" du pays.

L'avis sur l'histoire de Night Call est en réalité fortement lié à son (non-)gameplay. En effet, tout le jeu se passe à l'intérieur d'un taxi. Même si vous choisissez vos clients sur une carte, le trajet s'effectue automatiquement. Et c'est un peu tout le problème : Night Call s'apparente plus à un visual novel minimaliste qu'à une expérience véritablement singulière.

Le fait d'être cloîtré dans un taxi a peut-être des avantages mais a surtout des inconvénients : dans un jeu dans lequel le joueur ne fait rien, impossible d'être transporté, dépaysé, etc. Nous pourrions certes croire que ce parti pris est lié à une forme de névrose du personnage (et dans un sens, cela peut être vu ainsi), mais dans un titre s'étalant sur une petite dizaine d'heures, la redondance se fait trop vite sentir.

En effet, lorsque l'on joue à des visual novels japonais (par exemple), l'histoire nous transporte, les musiques nous transportent et parfois le concept même nous transporte. Ici, rien de cela. Alors certes, les dialogues sont bien écrits et Night Call se sert habilement de la culture populaire française et des clichés qui l'accompagnent... Mais à quoi bon lorsque l'expérience ne passionne finalement pas ?
"Tous les coins noirs, et la scène, et les ponts qui brillent"

À vous de choisir vos clients ou événements (qui se résument à quelques lignes).

Il y a un problème plus important que l'absence d'un scénario palpitant : le titre parvient à décevoir dans le peu de gameplay qu'il propose. Si nous choisissons effectivement les clients à prendre, l'expérience semble un peu trop se résumer au hasard sur ce plan. Pourquoi accepter tel ou tel client au fond ? Pourquoi, aussi, avoir autant d'impératifs financiers (on doit faire un certain chiffre chaque jour) ou en matière de sommeil (le temps de chaque nuit est restreint) ? L'énorme paradoxe, c'est que le jeu mâche le travail des enquêtes : malgré vos indices (peu clairs et même pas directement évoqués par vos clients), aucun travail corsé à faire. En effet, le titre trie lui-même la plupart des indices. Autrement dit, l'intégralité de l'expérience se résume à lire des dialogues, faire des choix aux conséquences rarement explicites et faire le plein de carburant pour son taxi. Bof bof.

Pour qui ?

Les choix que vous faites sont souvent basés sur votre faculté à être agréable ou non.

Nous aurions pu croire que le titre se destine à des joueurs adeptes de jeux narratifs et de visual novels, mais même pas ! À vrai dire, les personnes aimant ces genres risquent de voir d'autant plus rapidement les limites de Night Call.
"Y va pas partout"
Les Plus
  • Quelques musiques et dialogues bien sentis
Les Moins
  • Un concept qui s'épuise bien trop rapidement
  • Il y a un moment où sans gameplay ni variété de situations, on ne peut faire de miracle
  • Le tableau des indices...
  • Un jeu qui aurait gagné a être une "simple expérience courte"
Résultat

Si nous faisions du mauvais esprit, nous dirions que le titre du jeu présent ici annonçait la couleur. En effet "Night Call" rappelle autant un film assez branchouille de 2014, que la chanson de Kavinsky présente dans le non moins branchouille Drive (2011). Comme son nom l'indique, Night Call donne un peu l'impression de faire dans la facilité. Des musiques d'ambiance, des textes certes pas mal écrits, un (petit) cachet visuel, un concept minimaliste... Mais difficile de ne pas penser que ces artifices ne cachent pas le vide d'un concept. Au final, le jeu est comme son conducteur : piégé dans son taxi. Le concept bride l'expérience sans pour autant apporter une plus-value. Car si les visual novels se basent aussi sur du texte, ils ont au moins le mérite de se servir de tout un tas de ressorts.

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