Test | Resident Evil 4 HD
19 juil. 2019

Vous repartirez bien en Erasmus au fin fond de l'Espagne ?

Testé par sur
Aussi disponible sur
Resident Evil 4 HD
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 20 sept. 2011
  • Genres Action, Aventure, Survival

En 2005 Resident Evil 4 marque un tournant dans l'interprétation de l'horreur par Capcom en mettant l'accent sur l'action, aux antipodes de ses aînés. Et pour le plus grand plaisir des joueurs. 14 ans après, ressortir ce hit sur Switch c'est comme fouiller dans les cartons d'une brocante et retomber sur une perle. Vous soufflez un gros coup sur la boîte crasseuse pour la dépoussiérer et restez songeur quelques instants. Comment la fille du président a-t-elle à ce point raté son Erasmus ? L'Espagne concentre-t-elle le plus de machines à écrire au kilomètre carré ? Qui est ce marchand qui a une boutique jusque dans la chambre du noble local ? Trop de questions auxquelles vous n'avez toujours pas les réponses. L'occasion de replonger ?

L'histoire

Si vous avez raté l'une des dix précédentes versions (hors jeux mobile) de RE:4, c'est que vous deviez croupir au fond d'un village des montagnes espagnoles. Là où les paysans vivent encore comme au Moyen Âge, habitent des fermes en bois pourri, n'ont pas la télévision mais clairement un faible pour la déco déprimante. Sur Airbnb ça ne vaudrait même pas une étoile, sans compter l'accueil qui vous est réservé. Leon S. Kennedy, héros malgré lui de Resident Evil 2 est maintenant agent spécial chargé de ramener la fille du président de sa colo de vacances en Espagne. La petite peste ne répond plus aux WhatsApp de son père, Leon doit la retrouver et lui tirer les oreilles. Sauf qu'en rejoignant le village perdu où elle aurait été aperçue, figurez-vous que vous tombez en plein festival du poulet grillé, qui consiste à embrocher et mettre au bûcher tout flic qui passe dans le coin. C'est bonne ambi cinq minutes, mais quand tout le village vous tombe dessus, fourches et faux en mains, vous décidez que ça suffit les conneries. Il est l'heure de faire goûter aux autochtones la saveur du plomb américain.

Bienvenue dans Resident Evil 4, le titre de la saga qui a longtemps tenu le titre du game design le mieux pensé, avec ses scènes cultes à chaque coin de couloir et ses boss insectoïdes qui restent dans les mémoires. Plus vous avancez dans le titre, plus vous vivez des séquences d'anthologie en vous disant qu'il n'est pas possible de faire plus fort au prochain coup. Et pourtant si : Resident Evil 4 fait partie de ces jeux auxquels vous revenez sans cesse, tellement il est facile de glisser le doigt dans l'engrenage et se faire happer tout entier dans la machine bien huilée. Ah et pour le reste de l'histoire : évidemment vous retrouvez Ashley, mais vous ne pourrez pas vous enfuir si facilement puisque l'enragé local vous a inoculé le virus qui asservit les villageois. Vous fuirez en traversant la montagne, puis un château-monastère (et pourquoi pas ?), puis une île abritant un laboratoire ultra-moderne.
À la recherche d'Ivanka T

Le principe

Bah alors ? Tu viens plus aux soirées ?

Si les Resident Evil ont toujours joué à fond la carte des salles obscures avec les angles de caméra, RE:4 passe du côté du cinéma d'action avec une vue caméra épaule qui a scotché tout le monde en 2005. Aujourd'hui, cela semble tellement classique qu'on en oublierait son origine, qui inspira de nombreux titres ensuite. Vous allez donc vider un paquet de chargeurs pour venir à bout des quelques 1000 ennemis qui se dressent entre votre position et la sortie de secours. Le tout entrecoupé de rares énigmes à base d'objets à reconstituer ou mécanismes à actionner. L'autre point important du jeu réside dans la coopération forcée entre Leon et Ashley. Elle qui restera tout au long du jeu propre sur elle et ne dénouera jamais son pull de ses épaules sera bien contente de vous avoir comme guide protecteur. Ashley se baisse quand vous tirez, attend quand vous le lui demandez et vous suit quand elle ne se fait pas enlever. Elle bénéficie également de quelques séquences de jeu autonomes, dans lesquelles vous la contrôlez (sans arme, évidemment) ou bien Leon doit la défendre. Comme dans cette séquence culte où Ashley active des leviers et vous devez la protéger des moines au fusil sniper.

Relancer Resident Evil 4 sur Switch en 2019 sera proche de la sensation de se faire violence pour s'élancer dans un footing un dimanche à 7 h après une soirée un peu trop chargée. Leon est rouillé, raide comme un piquet, habile comme un aveugle. Il a vieilli, Leon. Sa jeunesse de 2005 n'est plus qu'un souvenir. Mais très vite, vous reprenez le blondinet en main. Certes, vous ne pouvez ni marcher de côté, ni tirer en marchant, ni vous baisser. Mais vous pouvez vous retourner en un clin d'œil, passer le temps que vous voulez dans votre inventaire pour soigner ou changer d'arme en plein combat (lol), et surtout, vous avez l'ouïe fine. Resident Evil 4 se joue avec le son bien dans les oreilles, pour être à l'affût du moindre grognement plus ou moins humain, anticiper une attaque, déceler des ennemis. En somme, sortir indemne d'un combat.
Caméra embarquée et tir à vue

Le portage Switch

Le jouissif dernier coup de fusil qui transforme un ennemi en Liebig

Onzième version de RE:4 depuis sa sortie initiale en 2005, cette mouture Switch reprend le contenu de la version HD sortie en 2011. Elle comprend le contre-champ de l'aventure vue par Ada, qui aide sans qu'il le sache notre beau Leon. Le reste des bonus est identique : mode mercenaires, courte mission d'Ada sur l'île, et autres joyeusetés destinées à vous faire recommencer le titre. Bien évidemment, le jeu profite de toute la largeur de l'écran. Quant à la HD, de loin, ça fonctionne, notamment pour les ennemis qui sont davantage travaillés. De près, ... Ne regardez pas de près. Malheureusement, les contrôles revus et les graphismes réellement HD, ça ne sera pas pour cette fois.

En 2007, Capcom a frappé fort avec une version adaptée à la Wii. La jouabilité a alors été complètement revue, bénéficiant du pointeur de la console de Nintendo faisant office de pistolet. Un pur régal. Sur Switch, rien de tout ça, malheureusement ; tout se passe de manière classique avec croix, gâchettes et boutons. Le jeu n'a absolument pas changé, il embarque ses bonnes idées de 2005 mais aussi ses petits points de friction qui pourraient, en réalité, être corrigés. Comment ça, on rêve d'un RE:4 avec le graphisme et le gameplay de RE:7 ?
C'est dans les vieux pots qu'on fait toujours la même recette

Pour qui ?

Certainement l'une des scènes les plus marquantes de l'année 2005.

Vous connaissez la saga des Resident Evil, vous êtes tombé dedans il y a un certain temps, vous avez même peut-être joué à une version antédiluvienne de ce RE:4 : soyons honnêtes, Resident Evil 4 est le meilleur de la série pré-RE:7, tant par sa narration, ses ennemis, ses environnements que par ce qu'il a insufflé en terme de gameplay au monde du jeu vidéo. Comme un film que vous connaissez par cœur, vous y revenez régulièrement, même si aujourd'hui ce film ne trouverait pas son public. Et puis c'est l'été et il est en promo sur le Nintendo Shop, qu'est-ce qui vous arrête ?

A contrario, Resident Evil 4 vous intrigue mais vous n'y avez jamais goûté. Vous le voyez en promo sur Switch, vous hésitez. Est-ce qu'il accompagnera vos soirées estivales ? Si vous êtes un joueur exigeant qui ne jure que par la fluidité des mouvements de votre personnage, passez votre chemin : malgré ses bonnes intentions et son humour en toutes circonstances, il n'y a pas qu'un virus que les vilains ont fourré dans le derrière de Leon. Le pauvre a du mal à voir sur les côtés et se fera surprendre plus d'une fois par un ennemi plus agile que lui. Mais si vous avez le cœur à l'exploration – voire à l'archéologie vidéoludique –, sautez sans hésiter sur l'opportunité de vivre l'une des expériences les mieux ficelées made in Capcom.
C'est comme un bon vieux film qu'on regarde en citant chaque réplique

L'anecdote

Mais enfin ! Ashley ! C'est pendant ton Erasmus que t'as appris ça ?

Je ne sais pas combien de fois j'ai terminé Resident Evil 4. Je sais que pour Gamatomic j'ai testé la version Gamecube qui m'avait littéralement scotché, puis la version Wii qui m'avait encore plus bluffé en me plongeant dans le jeu, ce qui avait mis la barre très haut. Ellipse temporelle, nous voilà en 2017 où je testais la version PS4 très en-dessous des standards en termes de HD. Je dois oublier quelques versions au passage. Mais à chaque fois, vraiment, à chaque fois, ça a été un réel plaisir de retrouver Leon, la crasse ambiante de ce village paumé, l'étrange conception qu'ont les game designers japonais de l'Europe, le décors luxuriant du château, les moines chauves dont on devine sans peine l'odeur mêlant transpiration et parchemins, Ashley qui vous colle à la peau, mais surtout : le marchand. Qui est-il ? Comment fait-il pour tenir son échoppe dans cet environnement malsain ?

Par déduction, on peut imaginer qu'il est un vendeur d'armes opportuniste ; il fournit aussi bien Leon que ses ennemis. Il a ses entrées, les monstres et villageois ne l'agressent jamais : monsieur le marchand sait graisser les pattes. Plusieurs fois j'ai voulu lui parler, dépasser les simples dialogues et son rire unique qui ont marqué tant de joueurs. Mais aucun bouton ne permet de déclencher un "Qui êtes-vous ?" ou bien un "Que faites-vous là ?". De nombreuses théories circulent sur ce marchand. Il serait lui aussi infecté, lui permettant de traverser les lignes ennemies. Mais il meurt quand vous lui tirez dessus (oui, évidemment que j'ai essayé). Je veux un jeu dédié à ce marchand. Je veux tout savoir de sa vie, ses combats. Que devient-il après qu'Ada ait fait exploser l'île ? Qui sont ses prochains clients ? Quelle est la marque de son sac à dos ? Trop de questions, pas assez de réponses.
Hâte de tester la version HD Remaster Xtra Plus de 2025
Les Plus
  • Un scénario haletant
  • Le rythme impeccable
  • La coopération forcée du duo Leon / Ashley fonctionne très bien
  • Une difficulté bien dosée et adaptée au joueur
  • Le premier jeu à utiliser la vue caméra épaule !
  • Toujours un plaisir de s'y recoller
Les Moins
  • J'insiste, mais à quand une version réellement revue et augmentée ?
  • Certaines textures sont dignes d'une chemise Desigual
Résultat

Ne vous fiez pas aux apparences, Resident Evil 4 HD a beau avoir 14 ans, ses rides ne sont pas encore si perceptibles. Certes, pour un joueur novice, le choc sera rude. Mais pour un amoureux de la saga, ce titre occupe une place particulière. Resident Evil 4 HD est un concentré de bonnes idées de level design, au rythme impeccable, alternant avec brio les combats ardus et les phases de tension, avec une difficulté toujours agréable et jamais agaçante. Certes, Leon manque de souplesse dans sa direction, mais en vous y prenant bien vous le ferez gambader comme un cabri dans cet environnement souillé, habité de villageois qui ont d'horribles insectes qui sortent de leur tête après un headshot.

Partagez ce test
Tribune libre