Test | The Silver Case
21 mai 2017

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Testé par sur
The Silver Case

Toujours une joie de se plonger dans une œuvre de Suda51 : c'est toujours drôle, original, avant-gardiste, plein d'idées esthétiques et narratives. Chacun a son œuvre préférée : pour les uns No More Heroes, pour les autres Killer 7. The Silver Case traverse les époques, directement de la première à la dernière génération de PlayStation pour un résultat qu'on est ravi de découvrir malgré quelques désagréments.

L'histoire

Dans une cité aux allures de dystopie urbaine, la récente évasion d'un criminel psychotique agit comme une véritable boîte de Pandore. Plongée dans la terreur, les cadavres s'y répandent : assassinats, crimes passionnels, défenestrations, kidnappings. Dans la peau d'un détective et d'un journaliste vous vivrez une aventure à la cinématographie exacerbée : polar, horreur, thriller paranoïaque. En bon visual novel, vous lirez plus que vous ne jouerez.

Suda51 est virtuose. The Silver Case utilise le temps réel comme argument narratif ; vous ne serez jamais pris en otage par un discours forcé, extérieur à votre personnage, qu'il vous faudra tant bien que mal accepter. Vous faites avancer l'affaire et les interactions, d'habitude dérisoires (marcher, parler, interagir avec des objets), deviennent primordiales puisque le jeu se débrouille pour que la progression de l'aventure ne passe que par cette économie de moyens. Les inventions autour de ces mécaniques d'interaction sont alors nombreuses, étonnantes, et cassent la routine. Vous êtes constamment interpellé par le jeu, refusant de vous laisser simple spectateur.
Des intentions d'une beauté rare

L'emballage

Everyone wants to be happy.

Vous l'aurez compris, The Silver Case est un véritable cadeau, irréprochable sur le fond. Le papier cadeau par contre est épouvantable. Le texte à l'écran s'accompagne d'un bruit incessant de machine à écrire. Sur le principe, c'est astucieux puisqu'il vous donne l'impression que l'histoire s'écrit devant vous, mais jusqu'à la fin du jeu, c'est à se tirer une balle. De même pour la musique, de courts morceaux qui tournent en boucle et qui dérangent alors même qu'ils sont souvent pertinents, installant parfaitement les ambiances.

La refonte graphique aurait aussi pu être l'occasion de redimensionner la fenêtre de jeu : sur nos écrans actuels c'est ridiculement petit et cela dessert le propos. Le jeu est d'une telle richesse dans sa mise en scène, dans sa capacité à mélanger les supports informationnels – jeu vidéo, cinématiques, vidéos de multiples factures, photos, lettres, e-mails, dessins, messages subliminaux – qu'il est dommage que Grasshopper n'ait sans doute pas eu les moyens d'envisager d'aller plus loin.
Si le cadeau n'a pas vieilli, l'emballage est épouvantable

Pour qui ?

Ne pas oublier que c'est un jeu, à l'origine sur portable.

The Silver Case est un chef-d'œuvre auquel il faut avoir joué dans sa vie, c'est un titre majeur, une œuvre phare. Il est inacceptable qu'aucune traduction n'accompagne la sortie du jeu. Une œuvre exigeante qui se destine à un public mature de par les thèmes abordés, mais aussi une œuvre intergénérationnelle de par ses inventions visuelles. The Silver Case laisse des souvenirs qui perdurent longtemps en nous.
Une œuvre intergénérationnelle de par ses inventions visuelles
Les Plus
  • Scénario très bien écrit
  • Mise en scène fantastique
  • Inventivité graphique et textuelle constante
  • Une œuvre obsédante
Les Moins
  • Le lifting trop léger
  • La partie sonore aurait dû subir elle aussi du changement
  • L'absence de traduction
Résultat

The Silver Case est un visual novel impressionnant, l'inventivité de ses motifs narratifs est exceptionnelle. Aucun chapitre ne se ressemble et, astucieusement, chacun porte un moment culminant qui engage émotionnellement le joueur. Les moyens semblent dérisoires, et pourtant c'est avec un culot stupéfiant qu'ils construisent des scènes de genre puissantes. L'écriture de ses personnages et son intrigue bien menée vous tiennent en haleine et offrent un résultat dont on ne sort pas indemne. Un jeu adulte et pour adultes, seuls capables d'accepter de tels compromis sensoriels.

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