Test | Test express Starship Troopers
16 févr. 2001

Testé par Netsabes
Starship Troopers: Terran Ascendancy

Starship Troopers, le film comme le livre, avait tout pour donner une bonne idée de jeu. Un background solide, une histoire violente, des combats épiques... Oui mais voilà, Starship Troopers le jeu, lui, débarque avec un an et demi de retard par rapport aux prévisions, et l'attente n'a pas vraiment bénéficié au produit final. Test express du jeu sur Gamedata.

L'univers.

Starship Troopers était à l'origine un livre de science-fiction écrit par Robert A. Heinlein dans les années 50, nommé en Français "Etoiles, Gardes à vous !", et qui décrivait une utopie militaire à tendance fascisante, dans laquelle la seule façon d'accéder à la citoyenneté était de subir un service militaire très dur et particulièrement violent. Ceux qui refusaient de faire ce service militaire restaient à jamais des civils, privés de droits et méprisés par les Citoyens. La trame principale du livre se déroule sur Klendathu, une planète extra-solaire (où l'air est respirable, par chance), de laquelle proviennent des nuées de guerriers à la peau chitineuse (autrement dit, des insectes géants) qui n'ont, et personne ne sait pourquoi, pour seul but que d'anéantir la population humaine. Le livre a ensuite été adapté au cinéma par Paul Verhoeven, en 1997, sous le nom de "Starship Troopers". Le film reprenait les grandes lignes du livre, en insistant sur le côté fasciste du gouvernement (et donc la manipulation des médias, par exemple), la violence des combats, et la disproportion visible entre les quelques petits soldats envoyés par la Terre et les milliers de "bugs" (les insectes en questions) de toutes tailles qui massacrent les-dits soldats.

Le jeu.

Le jeu de Blue tongue édité par Microprose emprunte autant au livre qu'au film: le fan du film retrouvera (avec joie, si l'on peut dire) l'esthétique du film, allant des menus du jeu reprenant le design des émissions télés du film, jusqu'aux soldats et aux bugs, qui sont strictement identiques (à quelques millions de polygones près, on y reviendra) à leurs homologues hollywoodiens. Par contre, le jeu est également plus fidèle au livre qu'au film, puisqu'on y retrouve des éléments qui avaient disparu du film pour des raisons de budget, comme la "power armor" (ou armure de combat), qui est, disons le tout de suite, l'unique intérêt du jeu (et là encore, on y reviendra). Le jeu en lui-même fait furieusement penser à un Ground Control dans le principe, puisqu'il s'agira de déplacer un groupe d'hommes dans diverses cartes, en accomplissant les objectifs envoyés par l'Etat-Major. La ressemblance avec Ground Control est d'autant plus frappante que le jeu est entièrement en 3D, et que la plupart des maps sont dans le desert (principalement sur Klendathu, comme l'auront deviné ceux qui ont vu le film). Le jeu se targue donc d'être un "jeu de stratégie temps réel", ce qui, en fait, n'est pas vraiment le cas. La première chose gênante est l'interface, aussi pratique à utiliser qu'il est facile de monter seul par les escaliers une armoire en chêne massif sur 50 étages. Et évidemment, il est indispensable de l'utiliser souvent durant les missions...

Stratégie ?

Contrairement à un Earth 2150, par exemple, on n'a pas ici de batiments à construire. On a ses petits soldats de l'Infanterie Mobile, choisis avant le début de la mission, et c'est tout, il faut se débrouiller avec. Le choix des fantassins avant chaque mission est d'ailleurs une étape qu'il vaut mieux éviter de bacler, puisque cela peut changer une mission du tout au tout. On peut laisser l'ordinateur choisir les fantassins lui-même, ainsi que leur armement, ou bien le faire soi-même. Et évidemment, c'est en le faisant soi-même, en tenant compte de toutes les statistiques des soldats proposés, de leur expérience, et en les armant soi-même (en leur faisant revêtir, si possible, la fameuse "power armor" qui augmente énormément les capacités tant physiques que létales des soldats) que l'on obtient le meilleur résultat sur le terrain. C'est d'ailleurs le seul vrai point de stratégie (et même plutôt de tactique, ici) que contient le jeu. La "stratégie" que l'on adoptera généralement consistera toujours à éviter de perdre des hommes ("Faut pas gâcher", comme dirait un célèbre ex-entraineur de football), c'est à dire, selon le fait que l'on soit équipé de power armors ou non, à attendre ou à foncer dans le tas en bourrinant. Si l'on n'a pas de power armors (ou peu, ce qui revient au même sur une équipe restreinte d'hommes), on avancera avec précaution, en fuyant dès que les ennemis seront trop nombreux pour être abattus avec les ridicules fusils dont les fantassins munis à la base, et quand l'on aura les power armors, et bien, toute la stratégie se résume à tirer dans le tas en se déplaçant pour éviter les représailles. Un Quake en lent et en "jeu de stratégie temps réel", en quelque sorte. Par contre, c'est relativement plus amusant que la phase précédente.

Horreur visuelle...

et il n'est pas question ici que des "bugs". Le jeu utilise un moteur 3D qui semble venir de l'âge de pierre (ou plûtôt de celui des débuts de la PlayStation), ce qui se comprends aisément quand on sait que le jeu devait sortir en juillet 1999 (il y a un an et demi, oui) . Du coup, on ne peut pas voir très loin sur le terrain (une petite centaine de mètres au maximum, à tout casser), et, conséquence facheuse, la caméra est positionnée pour avoir à afficher le moins de choses possibles. Plus précisément, la caméra est par défaut à la fois collée aux soldats que l'on dirige, et immobile. C'est à dire qu'il faudra la replacer sur les soldats à chaque déplacement (ce qui s'apparente à du masochisme, puisque l'on y voit beaucoup mieux une fois que les soldats se sont éloignés, mais évidemment, il est beaucoup plus difficile alors de les diriger). Ce défaut pourrait être justifié si le moteur 3D avait beaucoup de choses à afficher, mais il n'en est, hélas, rien, puisque tout est horriblement carré. Si, du coup, la modelisation des bugs de base est parfaite (puisqu'ils ne sont, par définition, du moins dans le film, pas du tout arrondis), celle des soldats et du terrain l'est beaucoup moins, toute en angles. Et le moteur 3D n'évite pas non plus les bugs qui ont fait la "joie" des premiers possesseurs de PSX, comme le fait de voir à travers les textures sous certains angles (ce qui aurait pu s'avérer pratique dans d'autres jeux, mais là, non, c'est juste laid), ou encore des trous d'un ou 2 millimètres à l'écran entre les textures (notamment dans les tutoriaux). A l'inverse, cette pauvreté graphique permet de monter dans de très hautes résolutions (1600*1200 ici) avec de très vieilles cartes graphiques (Riva TNT 16 Mo AGP, en l'occurence). Mais pourquoi faire ?
Les Plus
  • Power armor amusante
  • Phase de sélection des soldats
  • Ambiance du film et du livre à peu près correctement retranscrite
Les Moins
  • Moteur 3D
  • Bugs
  • C'est chiant ...
  • ... mais également laid ...
  • ... et définitivement chiant.
Résultat

Outre les bugs graphiques déjà évoqués, on notera des bugs énormes un peu partout (et encore une fois, il n'est pas question ici que des vermines à exterminer), comme cette volonté qu'ont certains de vos hommes de refuser de se déplacer par moments, ou de prendre un chemin totalement opposé aux ordres, le tout sans raison, alors que le reste de l'unité de fantassins part nettoyer des nids de bestioles sans la moindre arrière-pensée. Evidemment, ce genre de bugs de pathfinder réduira souvent les troupes d'autant de fantassins au cours d'une mission, ce qui est d'autant plus énervant. Et ne cherchez pas là une tentative de faire croire à une intelligence artificielle de l'ordinateur, il n'y en a pas, tant pour les bugs que pour les fantassins. Tout est scripté chez les bugs (moi vois, moi avance, moi tue), et côté humain, l'ordinateur ne fait qu'attendre vos ordres. A tous ces problèmes, on pourrait, par cruauté, rajouter les scènes cinématiques ridicules, faites avec le "moteur" du jeu, qui font penser aux anthologiques cinématiques de Jedi Knight: Mysteries of the Sith de par leur "qualité". On pourrait aussi signaler que le jeu a obstinément refusé de fonctionner chez moi avec la combinaison Windows 2000 & Voodoo 5, ou encore l'énorme absence de mode multijoueurs, la très faible durée de vie (une seule campagne, puisqu'on ne peut pas jouer du côté des bugs) ainsi que la musique pompier à la Wagner, sensée rappeler le gourvenement fasciste, musique qui pouvait passer pendant les 2 heures du film, mais pendant tout le jeu, non, pitié. Mais on ne le fera pas, car ce serait trop cruel de rappeler à quel point c'est dommage de rater ainsi une aussi bonne licence. Le jeu serait sorti à la date prévue, en juillet 1999, il aurait sans doute été considéré comme bien, et comme précurseur de Ground Control. Mais là, non.

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