Test | Close Combat V
17 nov. 2000

Testé par
Close Combat V

La série des Close Combat se voit désormais complétée par un cinquième volume, près d'un an après son prédécesseur. SSI nous propose à nouveau un wargame doué d'une capacité stratégique impressionnante, riche historiquement, mais limité par des défauts mineurs, parfois frustrants et le tout doté d'une réalisation technique qualifiable d'honorable. En bref, dans la lignée des précédents!

Operation Overlord.

Après le quatrième volet des Close Combat sorti il y a bientôt un an et mettant en scène la Bataille des Ardennes reproduite le plus fidèlement possible, SSI nous soumet maintenant le dernier né de la série, Close Combat 5, sous-titré cette fois-ci "Invasion Normandy". En effet, il s'agit ici de combattre soit du côté Américain, soit Allemand, dans une des scènes les plus importantes militairement que la Seconde Guerre mondiale ait vécu, et qui d'ailleurs a été à l'origine de son basculement par la chute du Reich. Vous l'avez deviné, il s'agit de l'Opération Overlord, surnom donné au débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, ainsi que de toute la campagne militaire alliée qui s'en suivit dans le nord, jusqu'à la libération de la France quelques mois plus tard – et par là-même, du reste de l'Europe.

Invasion Normandy.

Fidèle à ses prédécesseurs, Close Combat 5 est un wargame en temps réel dans lequel vous contrôlerez vos troupes dans le but de remporter la victoire. Rien de comparable aux ##RTS## classiques cependant, car ici point de gestion de ressources, ni même de création d'unités, mais uniquement de la stratégie pure, le tout dans un environnement réaliste et qui plus est, historique. Le jeu se présente comme tout autre wargame, par une vue aérienne du champ de bataille. Vos unités sont représentées par des sprites animés, et à vous de leur donner les ordres que vous souhaitez qu'ils accomplissent. Bien entendu, de nombreux détails sont pris en compte, tels que les lignes de vues encombrées par la végétation ou encore les zones à couvert que vos hommes prendrons allégrement, et même leurs états physique et psychologique individuels.

Les modes de jeu

Le logiciel offre la possibilité de se battre à travers 3 modes différents. Tout d'abord il vous est possible de réaliser l'une des quatre grandes campagnes historiques reproduites ici, du débarquement du 6 juin jusqu'à la prise complète de la Normandie par les Alliés, le tout en gérant vos troupes d'une bataille à l'autre, ne pouvant pas espérer obtenir de renforts rapidement si jamais vos pertes sont trop importantes sur le terrain. Ensuite, vous pourrez mesurer vos capacités dans les Opérations ; ce sont de mini-campagnes, étalées sur quelques jours, mais ayant eu une incidence énorme dans le déroulement de la guerre, telle l'arrivée des parachutistes sur Sainte-Mère Église, le tout en gérant l'avancée de vos bataillons au fil des jours. Enfin, il vous est aussi possible de (re)vivre chaque bataille des campagnes séparément pour vous familiariser avec le terrain, les obstacles et les différentes stratégies que vous adopterez.

Garde à vous!

Après avoir choisi la mission et le camp que vous représenterez, il vous est possible de sélectionner diverses options pour doser la difficulté de la bataille, pour pouvoir la rejouer dans des conditions différentes lors d'un prochain essai. Ainsi, gérez la quantité de forces en présence, des options de réalisme telles que la visibilité permanente de l'ennemi ou la quantité d'informations dont vous disposez sur lui au moment de la rencontre fatidique, mais aussi les conditions de la victoire, qui sont au nombre de 4: l'anéantissement total de toutes les unités ennemies, la fin du temps alloué par bataille – 30 minutes d'origine, temps plutôt court il faut l'avouer parfois – la reddition des forces adverses par manque de volonté au combat et enfin la victoire suprême, et objectif principal du jeu, la prise de tous les points stratégiques de la carte, représentés par des petits drapeaux aux couleurs du camp les possédant.

Nouveautés?

Par rapports aux autres épisodes de la série, Close Combat 5 n'apporte que peu de choses. En effet, techniquement, le soft reprend exactement le même moteur et surtout la même interface qui, simple d'utilisation et intuitive, a fait ses preuves ces dernières années avec les précédents opus: par un simple clic droit sur un groupe d'hommes, on accède à un menu permettant de donner tous les ordres nécessaires pour mener à bien le combat, c'est-à-dire le déplacement, rapide, lent ou en rampant, le tir direct sur une unité adverse, le placement d'un fumigène sur le champ de bataille pour gêner la progression ennemie, ou encore 2 modes intéressants qui sont la défense, vos unités tirant sur tout ce qui bouge dans un angle de vue que vous aurez défini préalablement, et l'embuscade qui permettra en se positionnant efficacement, dans une maison à plusieurs étages par exemple, de prendre les escouades adverses à revers quand elles s'y attendent le moins!

Action!

La plus grande des nouveautés, et une des seules aussi, est sans conteste le fait qu'il vous est enfin possible de sélectionner la formation complète de vos bataillons. Ainsi composez comme bon vous semble votre armée, en choisissant parmi une vingtaine de groupes spécialisés différents, allant des troupes de reconnaissance, chair à canon par excellence, jusqu'au sniper en passant par les unités lourdes de bazookas ou de mortiers. Bien entendu, chaque spécialité est souvent représentée par plusieurs niveaux de compétence, de l'infanterie légère à l'artillerie lourde, capable de détruire les blindés adverses à grande distance alors que vos mitrailleurs ne seront même pas à même d'esquinter le blindage des tanks. Ces niveaux d'armement feront varier la vitesse de déplacement, en plus du mode sélectionné, mais aussi la capacité à se fondre dans le décor – il est plus dur de cacher une mitrailleuse 50mm qu'un simple fusil – ainsi que la fatigue que vos hommes vont encourir à transporter tout leur matériel; ainsi il ne sera pas rare d'apercevoir un homme détaché, voire perdu, à la recherche de ses compagnons de combat.

Chargez!

Au début de chaque partie, le jeu est en mode pause, vous permettant ainsi de placer, dans un espace réduit certes, vos unités comme bon vous semble afin de réaliser une stratégie la plus efficace possible. En effet, allier infanterie légère, mitrailleurs, infanterie lourde et artillerie le tout dans un déplacement en tenaille visant à faire sortir l'ennemi d'un bâtiment qu'il défend farouchement en le bombardant de mortiers puis en prenant en embuscade les fuyards à travers les fenêtres éclatées des maisons environnant avec votre mitrailleuse tout en prévoyant une échappatoire avec la possibilité de disperser des fumigènes pour couvrir votre fuite, sera une des nombreuses méthodes de combat dont le jeu vous permettra d'user! Le tout en temps réel bien entendu. Une remarque cependant, il semble que l'action peut paraître lente pour les habitués des ##RTS## "classiques", mais elle convient parfaitement à l'ambiance et à la réalité historique. Ainsi ne vous étonnez pas si vos hommes mettent une vingtaine de secondes à parcourir le même nombre de mètres, car après plusieurs minutes de stress du au combat, de souffrances parfois, de fatigue physique, le tout en portant de 30 à 50 Kg sur le dos en se faisant canarder, il peut paraître louable que vos hommes soient quelque peu… ralentis!

Fire in the hole.

Un des éléments essentiels d'un bon soldat est évidemment de savoir tirer. Pour ce faire, Close Combat 5 propose trois modes. Les 2 premiers, quasiment identiques, nommés Defend et Ambush – respectivement défendre et embusquer – permettent à vos unités de se placer en mode d'attente tout en sélectionnant un angle de visée d'environ 30 degrés, pour se préparer à faire face au combat. Le troisième, nommé tout simplement Fire vous permet de cibler un groupe en particulier afin de concentrer votre tir. Ainsi après avoir placé vos tireurs d'élite, une droite changeant du vert au rouge en fonction des obstacles du terrain et de la visibilité de la cible représente la ligne de visée possible du groupe sélectionné ou plutôt du chef du groupe sélectionné, avec un petit cercle à son extrémité indiquant la probabilité que le tireur possède pour effectuer des dégâts allant du vert au noir en passant par le jaune puis le rouge. Ainsi pointez votre cible du haut d'une maison, attendez que la ligne soit verte, puis analysez les dégâts que vous pourrez infliger avant de vous lancer dans un feu croisé destiné à réduire à néant les chances ennemies!

Défauts?

Oui, Close Combat 5 possède, comme tout jeu bien entendu, ses défauts. Mis à part la relative « lenteur » de l'action évoquée plus tôt et qui rebutera certainement les habitués des jeux de stratégie en temps réel « classiques », on trouve quelques problèmes, certes mineurs, mais nuisant parfois à la jouabillité du logiciel. On remarquera ainsi que lors de la sélection d'une ligne de visée, il arrive que seul un des membres de votre escouade puisse atteindre sa cible, cette ligne étant définie à partir du chef de groupe et non de chacun des membres. Gênant surtout lorsque vos hommes se trouvent dans un bâtiments duquel ils ne peuvent atteindre leurs adversaires qu'à travers les fenêtres. Ainsi bien trop souvent, l'efficacité de vos soldats se trouvera très réduite et les duels entre groupes pourraient bien durer… longtemps!

Défauts!

Aussi, pour palier à ce défaut et à d'autres, il aurait pu être souhaitable de pouvoir déplacer les membres d'un bataillon séparément, même dans un espace réduit autour du chef de celui-ci afin d'affiner le placement des tireurs le plus possible. On remarque de plus ce défaut lors de l'entrée dans les bâtiments, qui résulte parfois en une division de vos hommes, la moitié étant à l'intérieur, et donc à couvert, et l'autre moitié attendant sagement dans la rue que l'on vienne leur tirer dessus… En outre, il peut survenir d'interminables échanges de rafales entre deux soldats pourtant situés à 20m l'un de l'autre, le tout dans un champ, c'est à dire totalement à découvert, et le tout sans que ni l'un ni l'autre n'arrive à toucher son adversaire respectif, sans compter que bien souvent, un tir de grenade bien ajusté n'arrivera pas à résoudre ce problème!

Technique.

D'un point de vue réalisation, le jeu reste fidèle à la série. Le même moteur graphique, en vue aérienne, avec des graphismes fins et détaillés, mais sans vraiment casser des briques. Ainsi, hormis les explosions en 3D et les unités plutôt détaillées et différentiables, bien que très petites à l'écran dans des résolutions supérieures à 1024x768, le reste des graphismes et autres animations ne restent que très synthétiques. Les échanges de coups de feu sont symbolisés par des traits rouges ou verts, les tanks se déplacent comme sur des rails, et le tout manque quelque peu de vie – même les vaches étendues dans les champs le sont pour de bon… D'un point de vue sonore, seuls quelques bruits de balles, d'explosions ou de cris arriveront jusqu'à vos oreilles. Pas de musique dans le jeu mis à part pour les quelques menus alors qu'un petit rythme de fond aurait été le bienvenu, surtout après les réussites sonores des Command & Conquer ou encore Total Annihilation il y a quelque temps maintenant. Il est heureusement possible de faire disparaître la quantité astronomique de cadavres que vous disséminerez sur le champ de bataille afin de vous rendre l'affichage quelque peu plus clair, déjà qu'il est parfois ardu de percevoir vos propres unités.

L'éditeur de scénarios.

Dans un but d'allonger encore un peu la durée de vie monstrueuse dont bénéficie le jeu, SSI a jugé bon de rajouter un éditeur de scénarios ou plutôt de batailles. Effectivement, pas de génie créateur de cartes à votre rescousse, car celles-ci ne sont malheureusement pas modifiables, mais par contre, à vous de modeler les affrontements que vous souhaitez. Il vous est ainsi possible de créer les campagnes et leur évolution sur une vingtaine de jours dans les moindres détails, en sélectionnant les places fortes Allemandes et Américaines, le type d'unités, le nombre de régiments engagés, la présence ou non de bombardements ou de renforts, l'équilibre entre les belligérants, ainsi que tout le déroulement qui s'en suivra, c'est à dire l'avancée stratégique de tel ou tel camp sur la carte principale, représentant le domaine de jeu, c'est à dire la Normandie.

Multijoueurs.

Un mode multijoueurs est bien entendu présent, à l'instar de ses prédécesseurs, mais se trouve être assez limité. En effet, seulement deux joueurs maximum – logique allez-vous dire, il n'y a que deux camps – pourront se disputer la victoire à travers les protocoles standards de l'Internet et des réseaux, à savoir le TCP, UDP ou IPX, voire par modem ou cable null-modem – autrement dit, par tout ce qui est géré par DirectPlay – à quoi il faudra rajouter l'accès à la Gaming Zone de Microsoft et à Mplayer.com. Malheureusement, même si ce mode va réjouir les fans de wargames – et ils sont nombreux – il est à noter que le jeu manque véritablement de punch à plusieurs, le résultat des parties dépendant souvent du nombre d'unités de départ de chaque camp, sans que la véritable capacité des joueurs ne soit prise en compte dans les événements.
Les Plus
  • Le respect historique
  • Les possibilités stratégiques impressionnantes
  • L'esprit "wargame", sans gestion de ressources
  • La durée de vie, impressionnante
  • L'interface, classique mais efficace
Les Moins
  • La réalisation technique moyenne
  • Les défauts de gestion qui peuvent se révéler très gênants
  • Le manque de dynamisme des parties multijoueurs
  • L'éditeur de scénarios, très limité
Résultat

Comment ne pas conseiller le dernier né des Close Combat aux fans? Impossible. Fidèle à la série, les campagnes réalistes et riches en batailles, le rendu stratégique impressionnant, puisque pas mal de combinaisons de manœuvres et de méthodes d'arriver à vos fins sont réalisables, le tout dans un environnement correct, doté d'une réalisation technique honorable, Close Combat est, on peut le dire, réussi. Malheureusement, quelques défauts traînant depuis maintenant les premiers numéros de la série continuent d'exister et sont parfois bien frustrants surtout pour les joueurs non-expérimentés. Qui plus est, la vitesse de l'action rebutera en rebutera plus d'un, surtout en multijoueurs, lors de véritables « guerres de tranchées » entre Allemands et Américains. Au final, un jeu passionnant certes, émaillé néanmoins de petits défauts et d'une réalisation technique moyenne, mais qui plaira sans aucun doute aux fans de la série et à ceux qui veulent s'y initier sans avoir peur du gigantisme des campagnes.

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