Preview | Daikatana
29 avr. 2000

Rédigé par Shub-Niggurath
Prévu sur
Daikatana

Et voilà un mythe de plus qui s'effondre: Daikatana est bien là; aussi étonnant que ça puisse paraître, après au moins 4 ans passés en travaux dans les studios d'ION Storm sous la direction de John Romero, figure mythique du jeu vidéo et créateur de Doom, Quake 1... Bref, un gage de qualité. En théorie. On a donc essayé la démo...

Ce sont les graphismes qui frappent en premier en débarquant dans le premier niveau: c'est moche. C'est laid. Berk. Vous débarquez en effet, au début de la démo, dans une espèce de marais vert, sous la pluie, où vous combattez des ennemis pour le moins grotesques (nous y reviendrons). Pour l'aspect graphique, tout est texturé quasi de la même manière, et on sent là l'influence de moteur de Quake2, démodé au possible, dont visiblement ION Storm n'a pas su se servir correctement dans la démo du jeu qui devait faire table rase en matière de FPS. En revanche, si les niveaux sont laids, les effets de pluie, de brouillard et d'éclairage, eux, sont relativement bien réussis; c'est tant mieux, car ça contribue un tout petit peu à rajeunir le moteur de Quake2. Plus loin, après le niveau du marais, vous explorerez des grottes et catacombes en Grèce antique, puis un lieu enneigé entouré de rochers, en Norvège médiévale. Tous trois sont littéralement hideux, et texturés de la même manière de niveau en niveau… Et ça ne contribue pas énormément à motiver le joueur à continuer… Par contre -- et c'est aussi tant mieux -- les models (des ennemis, de vos compagnons ou de vous-même) sont assez bien réussis. Ca méritait d'être précisé.

L'environnement.

Un niveau multijoueur

Evidemment, vous n'êtes pas seul dans les endroits où vous évoluez: vous êtes même souvent amené à tuer du monstre. Quoi de plus normal…? Effectivement, quoi de plus normal, si les monstres n'étaient pas aussi ridicules. En effet, dans le marais, vous affronterez des moustiques géants et des grenouilles mécanisées, ainsi que quelques rares alligators, mécanisés eux aussi. Bref, on se croirait dans un grand zoo interactif pour enfants, à cela près que les grenouilles vous mordent! On les entend venir, mais on ne les voit pas vraiment. Souvent donc, vous remarquerez que votre santé descend sans voir quoi que ce soit vous attaquer, jusqu'à ce que vous regardiez à vos pieds pour voir une minuscule grenouille en train de grignoter vos chevilles. En bref, on a l'impression qu'on se moque un peu de nous, les joueurs, habitués que nous sommes à exterminer du bestiau trois fois plus gros que soi. Heureusement, autant le premier niveau est nul côté opposition, autant les deux suivants sont un peu plus amusants, avec araignées géantes, squelettes, loups-garous. Bien sûr, il reste quand même en Grèce des araignées miniatures du même acabit que les grenouilles du niveau des marais, araignées qui feraient un peu penser à Hexen 2…

L'intelligence artificielle.

Une scène typique du 2e niveau solo

Oui, il en faut bien, fût-elle débile… Or, il semblerait que ce soit un peu le cas dans cette démo. Romero parlait d'une IA de classe supérieure, et bla bla bla bla bla bla. Après test, elle n'est vraiment pas si supérieure que ça; elle est même franchement moyenne. Vos ennemis ont une tendance au crétinisme, dans le sens où ils sont parfois incapables de contourner un obstacle pour venir vous manger les mollets. Par exemple, imaginez-vous sur un petit monticule surplombant un étang. A votre gauche, un chemin tout bête pour accéder à votre position, et dans l'étang, une grenouille agressive. Dans la plupart des cas, elle ira se coller au mur sous vos pieds en sautant misérablement, incapable – bien sûr – de vous atteindre. Pas très intelligent donc. Le mini-boss du 1er niveau, quant à lui, a été capable de se coincer sur une falaise de manière à me laisser l'allumer sans risque. Dans l'ensemble aussi, les monstres se coincent parfois contre les murs, au lieu de bêtement les contourner pour vous attaquer. Fort heureusement ça n'arrive pas souvent, mais il fallait le mentionner. En revanche, l'IA de vos compagnons (Mikiko et Superfly Johnson – quel nom idiot) n'est pas franchement mauvaise. En fait, ils sont même plutôt utiles pour peu que vous leur trouviez de l'armement, mais leurs répliques se comptent sur les doigts d'une main. Ce qui fait que ça devient vite lourd. Dès que vous touchez Mikiko, elle vous dit "Stop pushing me around!"… Vous l'entendrez souvent…

Alors?

Ainsi il est difficile de se prononcer sur la qualité du jeu complet en ayant uniquement essayé la démo. On se souvient de la démo de Wheel of Time, mauvaise au possible, mais au final les p'tits gars de Legend nous ont pondu [http]. Reste à voir si Daikatana saura suivre le même chemin; après tout c'est dans notre intérêt (nous, les joueurs), et aussi dans celui de John Romero et de sa compagnie. Tous les commentaires négatifs qu'il a récoltés ne sont que le fruit de ce qu'il a semé; plus on fait de bruit autour d'un jeu, plus dure est la chute quand le jeu s'avère moyen. Comme l'a très bien dit un américain sur un forum, "le jeu est moyen, et c'est pour ça qu'il est nul". Evidemment, cette tendance généralisatrice s'est retrouvée sur la plupart des forums de discussion, et la réputation de Romero en a pris un sacré coup, pour sa plus grande déception -- et on la partage sincèrement. En ce qui le concerne, il dit que Daikatana est le meilleur jeu qu'il ait jamais fait, mais évidemment il ne va pas dire le contraire. Cela étant, comme déjà dit plus haut, ceci n'est qu'une démo, et nous testerons bien évidemment le jeu complet dès que l'occasion se présentera, en faisant comme il se doit abstraction de la qualité douteuse de la démo.
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