Test | Ori and the Blind Forest
11 avr. 2015

Magistralement anachronique

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Ori and the Blind Forest
  • Éditeur Microsoft
  • Développeur Moon Studios
  • Sortie initiale 11 mars 2015
  • Genres Metroidvania, Plateformes

Au milieu de ce qu'on appelle vulgairement les "jeux-usine", émergent parfois des projets "passion" développés par de petites équipes. Le splendide Ori and the Blind Forest fait partie de cette catégorie. Mais la passion, aussi magique soit-elle, n'est pas sans risque.

L'histoire

Dans Ori and the Blind Forest, vous contrôlez (ou essayez) un jeune lémurien magique, sorte de farfadet d'une forêt enchantée. L'intrigue débute par la perte d'un parent et vous laisse ainsi seul face aux dangers d'une nature très changeante, car malmenée par une force maléfique. D'aucuns y verront un semblant de message écologique, d'autres une énième version des contes et légendes largement usités dans divers médiums, saupoudrée par la pointe de naïveté qui fera pencher sur le côté la tête de n'importe quel humain en soupirant "Comme c'est mignon". Vous êtes a priori l'unique espoir de cette forêt en péril et allez donc avoir la lourde tâche de nettoyer cet univers pollué par de méchantes plantes piquantes et tout un tas d'ennemis arachnides, tentaculaires, cracheurs de feu, etc.
Il était encore une fois...

L'emballage

Chaque tableau est rigoureusement composé, avec un soin loin d'être aussi fréquent.

Ce qui sauve cette histoire somme toute très banale, c'est un emballage visuel en tous points remarquable. Il vous suffit de jeter un œil sur les images qui illustrent ce test pour vous en rendre compte : graphiquement, Ori and the Blind Forest est un jeu somptueux. Probablement parmi les plus jolis du moment. Et, en mouvement, accompagné par les nombreux effets qui vont bien, l'expérience visuelle se révèle enchanteresse. La profondeur de champ apporte un relief du meilleur effet, les cinématiques sont splendides, bref, vous en prenez plein les mirettes. Moon Studios possède un don indéniable pour tout ce qui a trait à la composition d'images.
Une direction artistique à toute épreuve

Le principe

Un arbre de compétences classique mais efficace.

Ori and the Blind Forest est un jeu de plateforme dans lequel vous vous déplacez de droite à gauche, de haut en bas, et vice et versa. Votre but : améliorer les capacités de votre lémurien sauteur pour lui permettre d'accéder aux parties les plus reculées de la forêt. Ainsi, si au début il ne peut pas sauter, ni nager, par exemple, il en sera capable par la suite. Entre nous, c'est le cas de n'importe quel jeu vidéo d'action/plateforme à l'heure actuelle. Ce qui fait la particularité de Ori and the Blind Forest, c'est sa grande difficulté. Selon les passages, elle vous paraîtra tantôt excessive, mais surtout souvent inappropriée compte tenu du contexte enfantin dans lequel patauge l'histoire. Le jeu s'apparente ainsi à un véritable die and retry dans lequel vous devrez recommencer certaines séquences des dizaines et dizaines de fois avant de pouvoir en venir à bout. Apprises par cœur, ces phases vous demandent une dextérité au millimètre. Armez-vous donc de patience, vous en aurez grand besoin pour ne pas jeter l'éponge.
Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage

Pour qui ?

Les épreuves sont variées sans pour autant être très orignales.

Sur le papier, Ori and the Blind Forest s'adresse à priori aux adeptes des jolis contes, emballés dans un jeu de plateforme à la progression rapide. Mais sa difficulté le réserve surtout aux joueurs les plus hardcore, rompus aux défis corsés auxquels les débuts du jeu vidéo nous avaient habitués (souvenez-vous par exemple de Heart of Darkness). Ne vous attendez donc pas un jeu kleenex qui ne demande aucun investissement. Si vous êtes patient et rigoureux (certains passages ne laissent vraiment aucun droit à l'erreur), et que vous appréciez que les défis soient magnifiquement mis en scène, n'hésitez pas une seconde.
Pour les durs, les vrais

L'anecdote

Attention à ce que ça ne soit pas votre patience qui soit justement perdue...

Si dans les années 80/90 le joueur acceptait aisément que sa progression soit hachée par des morts à répétitions, aujourd'hui l'exigence va plus vers les jeux accessibles, vite terminés, voire vite oubliés. Pour ma part, avancer dans Ori and the Blind Forest a été une vraie gageure. Avec une moyenne d'une mort par minute, il m'a parfois été difficile de rester concentré sur le background du jeu et de ne pas avoir l'irrésistible envie de balancer ma manette, ma console et même tout mon équipement par la fenêtre !
Keep calm and carry on
Les Plus
  • Un environnement graphique éblouissant
  • La diversité des ennemis
  • La musique impeccable
  • Un challenge qui peut exciter les plus coriaces
Les Moins
  • La réapparition des ennemis systématique et mal dosée
  • Une difficulté inadaptée à l'univers enchanté
Résultat

Graphiquement splendide, Ori and the Blind Forest ébloui autant par sa maîtrise visuelle qu'il agace par son niveau de difficulté. Emballé dans une histoire naïve et finalement très classique, ce jeu de plateforme propose un gameplay efficace, parfaitement huilé mais qui risque aussi de laisser sur le carreau les joueurs les moins expérimentés, au profit des vieux de la vieille, ceux-là même que la répétition n'effraye pas. L'expérience est charmante mais réclame une opiniâtreté certaine. Vous voilà prévenus.

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