Test | The Order 1886
02 mars 2015

Le court métrage jouable

Testé par sur
The Order

Avec des trailers à couper le souffle, The Order 1886 a mis la barre très haute dans le cercle fermé des nouvelles licences next-gen. Toutes les cinématiques sont rendues par le moteur du jeu, ce qui ne marque aucune rupture pendant la partie, faisant du titre une magnifique démonstration technique dans une ambiance victorienne rétro-futuriste. Mais qu'en est-il du jeu en lui-même ?

L'histoire

The Order 1886 transpose à l'époque victorienne les Chevaliers de la Table ronde, en proie depuis des siècles à une guerre infernale contre les hybrides, des humains capables de se transformer en loups-garous. Outre ces êtres poilus à gérer, l'ordre des chevaliers doit faire face à une révolution de la part du peuple, portée par des rebelles. Comme si ça n'était pas suffisant, ajoutons la menace de Jack l'éventreur, les magouilles d'une multinationale obscure, une vague histoire de vampires et vous obtenez une base scénaristique fourre-tout à la limite de l'écœurement que l'on pourrait croire dotée de multiples croisements et ramifications. Et pourtant, le titre n'exploite qu'en surface ces éléments que vous vous contenterez d'effleurer de temps en temps. En trois coups de fusil et quelques cinématiques, vous voilà déjà devant le générique de fin, faisant de The Order 1886 un sprint monotone là où il aurait pu être un triathlon réussi. Mais que s'est-il passé avec ce titre si prometteur ?
Une tonne d'ingrédients, 100 grammes dans l'assiette

Le principe

Zone nettoyée ? Vous pouvez avancer.

Malheureusement, The Order 1886 a davantage les tripes d'un agneau bien sage que celles d'un loup-garou en furie. Globalement lisse, le titre manque clairement d'entrain et d'originalité. En classique jeu de tir à la troisième personne, The Order 1886 se résume à avancer dans un couloir, nettoyer la pièce de ses ennemis, ramasser quelques munitions, déclencher une cinématique et emprunter le couloir suivant. Malgré une histoire plutôt chargée, vous n'aurez jamais l'occasion d'explorer par vous-même quelques pistes, creuser les dialogues avec des personnages secondaires ni même esquisser un semblant de stratégie d'attaque. Les combats s'enchainent et se ressemblent, les ennemis arrivant par vagues, se positionnant derrière les mêmes abris tandis que vous déchargez des quantités astronomiques de plomb en restant à couvert.

Les différentes zones que vous explorez sont emplies de promesses mais vous les quittez avec le regret de les avoir à peine effleurées. En vous enfonçant dans les couloirs abandonnés du métro londonien, malgré une ambiance propice à des attaques surprises de bêtes féroces, vous ne rencontrerez que quelques couloirs crasseux et d'innombrables grilles fermées. Vous ne verrez d'ailleurs même pas une rame de métro. Plus tard quand vous plongez incognito dans les bas-fonds de Londres, quelle ne sera pas votre frustration de ne pouvoir explorer toutes ces ruelles qui s'offrent à vous. Non, vous devez suivre le tracé établi, sans surprise. Il en va de même pour les séquences vous faisant passer par les toits londonniens, dont les prises sont marquées de poudre blanche comme si un gymnaste avait balisé de talc le parcours devant vous. Chaque passage est entre-coupé de séquences non jouables plus ou moins longues, demandant une interaction quasi nulle du joueur devenu spectateur.
Viser, tirer, avancer, regarder une vidéo

Les graphismes

Sale ambiance dans l'ascenseur.

Ce qui sauve le titre est immanquablement l'aspect graphique. Tout est généré à partir du moteur du jeu, il n'y a donc aucune cinématique à proprement parler : ce que vous voyez est à base de personnages du jeu, de décors réels et de lumières qui laissent s'exprimer une PS4 qui en a sous le capot. Les costumes et les visages des personnages regorgent de détails, laissant vos yeux s'y attarder de temps en temps lors des innombrables séquences de dialogues. Très concrètement, vous ne verrez pas la différence entre une séquence animée et une séquence jouée. Ce qui peut apporter quelques confusions, le jeu nécessitant parfois une action de votre part pour avancer, parfois pas. Lorsque vous interagissez dans ces séquences, c'est au travers des fameux Quick Time Events : ces actions qui nécessitent d'appuyer sur une touche au bon moment, faute de quoi vous serez gravement blessé voire, dans certains cas plus radicaux, irrémédiablement tué.
Une très belle démo technique

Pour qui ?

Clin d'œil, clin d'œil...

The Order 1886 rivalise avec les films du dimanche après-midi. Au chaud emmitouflé dans une couette, vous savourez l'ambiance qui se dégage du jeu, qui mélange allègrement mythes, monstres et action pour un résultat passablement captivant mais qui remplit son office. Le tout emballé, pesé et consommé en cinq heures grand maximum, dont quasiment une heure dédiée aux animations et dialogues longuets des personnages. Vous en prenez plein la vue, certes, mais en vous demandant parfois si ça n'est pas le seul objectif du jeu.
Aventurier du dimanche

L'anecdote

Nikola Tesla surpasse Q dans James Bond.

Mon cœur a manqué un battement tellement je fus content de découvrir la présence de Nikola Tesla dans le jeu, cet inventeur méconnu du public sujet à des hauts et des bas entre le XIXe et le XXe siècle, qui est ici au service de l'Ordre. Et il est grandement mis en valeur, ses inventions autour de l'électricité étant enfin comprises et rendues utiles. Jeune geek de son époque, il prodigue aux chevaliers des armes redoutables et terrifiantes. Ce fusil qui tire une salve électrique capable de décapiter un ennemi est des plus ravageurs. Mais mon arme favorite reste le fusil qui crache un jet de thermites dans un premier temps ; une pression sur la gâchette du tir secondaire et vous y mettez le feu. Et tout ça bien à l'abri derrière votre caisse de bois.
Il y a de l'électricité dans l'air
Les Plus
  • L'ambiance générale
  • Graphiquement parmi les plus beaux titres sur PS4
  • Pas de transitions
Les Moins
  • Cinq heures de jeu sans forcer : vraiment ?
  • Trop de trames scénaristiques survolées
  • Le système de combat dépassé
  • Les QTE d'un autre temps
Résultat

Bon. Admettons que The Order 1886 soit un point de départ. Une démonstration qui permettra à Ready at Dawn de plancher sur une suite ou un préquel en capitalisant sur le travail fourni jusqu'à présent, avec cette fois un scénario qui n'a pas besoin de canne pour tenir sans trembler, un système de combat un peu plus excitant, des niveaux un peu plus ouverts et un jeu qui se boucle en un peu plus longtemps. Là, nous serons ravis. En attendant, The Order 1886 reste une déception qui fait mal, tant l'attente et l'anticipation du titre étaient grandes. Il s'agit certes d'un jeu extrêmement beau et à l'ambiance alléchante, mais c'est tout. Tout ce qui constitue réellement un jeu vidéo est totalement absent de ce titre, et c'est fort dommage.

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