Test | Catwoman, ça feule mais ça mord pas
25 oct. 2004

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Catwoman

Dans la grande braderie des licences, Electronic Arts est tombé sur un canard boiteux, pour une fois. Catwoman n'est pas la licence qui tue, celle qui permet de vendre des jeux comme des petits pains et de placarder des pubs dans toutes les stations de train. D'abord parce que le film est un beau navet, un gros ratage comme on n'en avait plus vu depuis… depuis… depuis Vidocq tiens, du même réalisateur. On comprend mieux après coup le petit sourire gêné des développeurs quand on leur demandait ce que valait le film… Les personnages sont aussi plats qu'une limande, l'intrigue est ridicule, la réalisation caricaturale, les effets spéciaux cheap et l'interprétation catastrophique malgré un beau casting (Halle Berry, Sharon Stone, Lambert Wilson). Fatalement, ça n'aide pas à faire un bon jeu.

A mauvais, mauvais et demi

Ce qui est amusant avec les jeux à licence c'est qu'on les regarde toujours d'un oeil circonspect au mieux, sceptique au pire, en se disant dans un coin de sa vilaine tête aux pensées mal tournées qu'avec tout l'argent claqué pour acquérir les droits et les quelques mois chichement alloués aux développeurs pour torcher leur bâtard histoire de profiter de la pub allouée au film, ça serait un miracle que la chose engendre un jeu correct. Oui c'est méchant comme à priori mais que voulez-vous, quand on s'est fait avoir une fois ou deux, on devient brusquement prudent, limite hargneux. C'est d'autant plus méchant que le but d'une licence est d'étendre le potentiel d'un univers particulier à d'autres domaines, histoire que le fan puisse redécouvrir la même histoire via des supports variés. C'est beau, c'est noble, c'est presque désintéressé et surtout c'est redoutable, enfin quand le jeu ou le livre ou le manga ou le dessin animé ou la boîte de conserve reprend exactement la qualité intrinsèque du produit d'origine. C'est le petit exploit que réussit Catwoman, le jeu étant aussi mauvais que le film.

Ca, c’est bien, je prends

Catwoman le jeu ne reprend pas grand-chose du film. Seulement les décors en fait, quelques protagonistes lors de cinématiques affreusement compressées, tout droit sorties d'une PlayStation 2 à bout de souffle, et c'est tout, basta. Ce n'est pas plus mal cela dit, les différents lieux étant variés bien que très éloignés des ruelles menaçantes et vaguement années 50 des premiers Batman. L'usine, la boîte de nuit, la maison luxueuse, le théâtre, tous ces environnements sont très soignés. Ils regorgent d'armoires, de coffres, de bennes et autres fenêtres où expédier les ennemis, ceux-ci devant être rangés dans des zones précises pour être neutralisés. Les moins doués peuvent s'acharner dessus pour les sonner mais ça rapporte moins de points.

Couché panier

D'abord très amusant, ce principe s'avère vite agaçant. Envoyer bouler un garde dans un placard ou un coffre est loin d'être évident, à moins de se mettre à quatre pattes et de le faucher avec les jambes. C'est là qu'on découvre la boulette des développeurs : l'attaque à quatre patte de base est tellement efficace qu'on l'utilise tout le temps. Pas la peine de se servir du fouet pour désarmer les gardes, pour les attirer à soi, les priver de talkie-walkie et empêcher l'arrivée de renforts ou d'éteindre la lumière pour les cogner pendant qu'ils cherchent l'interrupteur à tâtons : ça ne sert à rien. C'est d'autant plus gênant que ces attaques s'achètent en fin de niveau et qu'on est censé les fouiller à fond ou les refaire pour accumuler assez d'argent. Pas de chance, on peut finir le jeu d'une traite en une dizaine d'heures sans être forcé de tout débloquer.

‘ttention la marche

Mais le pire, le gros défaut qui tache, c'est les phases de plate-forme. Catastrophe ! La plupart des niveaux sont verticaux, de sorte que la moindre chute vous redonne droit à une quinzaine de minutes de grimpette. C'est là qu'on regrette le système de sauvegardes automatiques hérité de la console. Les possibilités sont pourtant nombreuses, depuis l'escalade à griffes nues d'une portion de mur jusqu'aux acrobaties façon Prince de Perse, avec ou sans fouet, en passant par le grand classique qui consiste à grimper en s'appuyant sur deux murs opposés. Bof, ça même Rayman sait le faire. Il n'empêche, Catwoman est autrement plus sexy que le petit ébouriffé sans bras sans jambes. Voilà qui va exciter les mâles dans l'âme.
Les Plus
  • La réalisation agréable.
  • Catwoman est hyper sexy, la garce.
Les Moins
  • Les phases de plate-forme à se flinguer.
  • Les ennemis à ranger, les combats répétitifs.
Résultat

Voir Catwoman courir à quatre pattes est une sacrée expérience visuelle, l'animation étant calquée sur les chats. Ca n'empêche pas la belle en cuisses de se vautrer comme une grosse bouse en cas de chute et de perdre de l'énergie, contrairement aux chats qui comme chacun sait retombent toujours sur leurs pattes. Il faut la voir rouler des fesses aussi, une vraie allumeuse ; surtout dans son costume échancré qui montre beaucoup plus de chair que de cuir. Laissez-là quelques minutes toute seule pour avoir droit à des œillades et à des déhanchements sulfureux. Le jeu est également très beau, même sur PC, avec des effets de lumière très réussis. Ca ne suffit pas à faire un bon titre, la carrosserie ne faisant pas tout ; Catwoman est un jeu bien roulé, on est d'accord, mais qui manque singulièrement de conversation. Le genre de jeu avec lequel on passe une bonne nuit, pas plus, avant de reprendre discretos ses affaires et de se casser à l'aube. N'empêche, cinquante euros le one shot, c'est cher payé.

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