Test | Bayonetta, c'est plus fort que toi !
03 févr. 2010

Testé par sur
Aussi disponible sur
Bayonetta
  • Éditeur SEGA
  • Développeur PlatinumGames
  • Sortie initiale 8 janv. 2010
  • Genres Action, Aventure

Dire que Bayonetta est attendu au tournant relève de l'euphémisme. Hideki Kamiya : un nom qu'il vous faut retenir si ce n'est pas déjà fait. Quand l'homme orchestre de Devil May Cry, Viewtiful Joe et Okami chamboule le beat-them-all 3D, il y a franchement de quoi être tout émoustillé. Surtout quand la plus sexy des sorcières jamais créées est au cœur des combats. Retour sur la grosse surprise de ce début d'année 2010.

Le monde fou de Bayonetta

Avec MadWorld, Platinum Games a tâté le terrain en offrant aux possesseurs de Wii un beat-them-all résolument décalé, qui n'hésite pas à faire dans le gore potache pour séduire un public adulte. Un jeu qui reste bien jouissif même s'il tourne un peu trop vite en rond au niveau du gameplay. La maniabilité, c'est d'ailleurs là le véritable atout de ce titre édité par Sega. Autant ne pas tourner autour du pot : jamais un beat-them-all 3D n'est allé aussi loin dans les possibilités de gameplay. Bayonetta aurait pu se fondre dans la masse des jeux d'action si, une fois de plus, taper du monstre s'était résumé à marteler les boutons et à se protéger de temps à autre. C'est simple, la protection ne fait pas partie de votre vocabulaire. Les affrontements sont de ce fait emprunts d'un dynamisme hors pair. Donner des coups de pieds ou poings au petit bonheur la chance, tirer avec votre pistolet à l'aveugle et vous serez cueilli par la Faucheuse. La principale astuce réside dans l'utilisation judicieuse de l'esquive. Activée au bon moment (quand un ennemi est sur le point de vous porter atteinte donc), cette dernière enclenche le Witch Time, un ralenti éphémère qui permet de faire très mal à vos agresseurs et de gonfler vos combos. A vous de bien examiner les mécanismes d'attaque des monstres qui vous font face pour riposter en conséquence. Le jeu ne sombre pas non plus dans une certaine facilité. Autrement dit, appuyer sans cesse sur la gâchette droite pour finir par activer le Witch Time par chance n'est pas payant. Il convient de bien l'activer au dernier moment, quand le coup est à deux doigts de vous toucher. Une technique qui se montre relativement pratique contre les boss mais qui ne marche pas tout le temps. En effet, certains ennemis de base sont insensibles à cette manipulation du temps, vous demandant une attention de tous les instants. Enfin, le système de points demeure vraiment bien pensé puisque vous pouvez commencer un combo, esquiver, puis le reprendre là où vous l'avez laissé sans que celui-ci ne soit brisé. Une véritable souplesse qui rend le gameplay incroyablement addictif.

Dorcel Productions présente : Bayonetta.

Bayonetta : une héroïne plus sexy que Lara Croft.

Le dernier bébé de Hideki Kamiya ne propose pas seulement un gameplay aux petits oignons. Le travail sur le design des personnages, du bestiaire et des architectures mérite lui aussi d'être salué. Certes, cela ne sera pas du goût de tout le monde. La touche 'jeune gothique' à la Devil May Cry est présente dans Bayonetta, la classe en plus. L'héroïne représente tout ce que le mâle geek attend d'un personnage féminin vidéo ludique. Combinaison en latex ultra-moulante, paire de lunettes façon secrétaire coquine, grain de beauté discret sur la joue, chignon, formes généreuses, jambes élancées… Si avec tout ça le jeu ne se vend pas c'est à n'y rien comprendre. L'aspect démesuré ne s'applique pas uniquement à l'accoutrement de votre héroïne fétiche, mais à l'ensemble du jeu. La mise en scène s'avère complètement improbable et fantaisiste, ce qui en fait sa force. Par exemple, depuis Matrix, tout gros jeu aux velléités cinématographiques se doit d'avoir au moins une séquence avec un bullet-time, cet instant où la balle tirée est filmée au ralenti afin d'accentuer l'esthétisme de la chose. Bayonetta va plus loin, toujours, en vous mettant à la place de la balle. Les boss de Devil May Cry 4 ont de quoi impressionner de par leurs tailles. Ce n'est rien comparé à ceux dont il est question ici, véritables bêtes occupant parfois la totalité de l'écran. Ceux des chapitres 7 et 11 ont la grandiloquence de certains colosses du divin Shadow of the Colossus. Ninja Gaiden est réputé entres autres pour ses combats sanglants. La divine Bayonetta n'hésite pas à trancher dans le vif lors de certains mouvements spéciaux appelés à juste titre Torture Attacks. En un mot, le soft de Platinum Games tend à exagérer au maximum ce que les autres titres proposent. Il n'omet pas également de rendre hommage à ses aînés. Ainsi, Space Harrier (chapitre 14) et Hang-on s'invitent pour le plus grand plaisir des trentenaires. Des clins d'œil à plusieurs productions récentes s'immiscent également çà et là. Ainsi, le vendeur vous accueille par un "What are you buying ?" faisant évidemment allusion au chef d'œuvre Resident Evil 4. Et comment ne pas sourire devant le "Henshin A Go Go" lancé par Bayonetta au chapitre 3, référence directe au stylé Viewtiful Joe, ou bien devant les traînées de pétales laissées par l'héroïne quand elle se transforme en panthère (tel le loup dans Okami) ? Autant de moments référentiels qui parlent au joueur habitué. Une façon, quelque part, pour les ex de Clover de remercier les joueurs de les avoir soutenus et d'être encore à leurs côtés.

Game Over Yeahhhhhhh !

Il est possible de concocter quelques potions afin de regagner de la vie par exemple.

C'est un fait : la majeure partie des jeux d'action actuels offrent tout au plus une dizaine d'heures de plaisir. Bayonetta vous tient en haleine pendant une quinzaine d'heures lors de votre première session en difficulté normale. Mais le système de combat étant tellement bien pensé, et le nombre d'armes (griffes, fouet, patin à glace...), objets et autres costumes à récupérer vraiment conséquent, que refaire le scénario dans les deux difficultés supérieures s'avère naturel. Cela est d'autant plus gratifiant que vous gardez votre équipement acquis en mode normal. Par ailleurs, si rien n'a été dit sur l'histoire jusqu'à présent, c'est principalement parce que cette dernière est écrite sous acide. Difficile en effet de comprendre les aboutissements du scénario et les motivations des protagonistes, même avec l'aide des flashbacks disséminés au fil de l'aventure. Il y a bien une guerre entre les sorcières de l'Umbra et les sages de Lumen ; guerre que votre sorcière bien aimée tente de résoudre après avoir roupillé pendant un demi-millénaire. Le scénario n'est donc pas le point fort du titre, de l'aveu de M. Kamiya en personne. Ce qui est vite pardonnable à la vue des multiples qualités du jeu. Mentionnons également que la difficulté est au rendez-vous pour ceux qui aiment un minimum de challenge. Sans être du niveau d'un God Hand de feu Clover, celle de Bayonetta promet néanmoins quelques retry lors de passages plutôt ardus. Pour finir de vous convaincre qu'il faut tenter l'expérience Bayonetta, un mot sur la bande-son, exquise. Les couleurs chaleureuses propres au soul, funk, jazz donnent définitivement un cachet unique au titre. Et pouvoir décapiter du monstre sur fond d'un Fly Me to the Moon remixé pour l'occasion, cela n'a pas de prix. La version de ce standard de jazz vieux d'un demi-siècle, chantée ici par Helena Noguerra, est vraiment du plus bel effet.
Les Plus
  • le gameplay, absolument jouissif
  • les musiques, en osmose avec le titre
  • le challenge proposé
  • la réalisation graphique
Les Moins
  • le scénario, confus au possible
  • l'attente jusqu'au prochain épisode
Résultat

Véritable coup de maître, Bayonetta promet donc de bons moments. Nanti d'un gameplay diablement efficace, porté par des mélodies enivrantes, le titre de Platinum Games permet d'appréhender cette année vidéo ludique sous les meilleurs auspices. Malgré un scénario abracadabrant, le jeu fait mouche et l'annonce d'une éventuelle suite ou d'un spin-off par Hideki Kamiya fait déjà saliver plus d'un joueur…

Partagez ce test
Tribune libre