Test | Pirates des Caraïbes, ou la malédiction des jeux à licence
28 oct. 2006

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Pirates of the Caribbean: The Legend of Jack Sparrow
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur 7 Studios
  • Sortie initiale 27 juil. 2006
  • Genres Action, Aventure

Bethesda Software vous propose un voyage épique dans l'univers de la piraterie sous la forme d'un beat them all pour coïncider avec le passe-temps de l'époque : l'escrime. Problème : vous savez que "jeu à licence" et "qualité" ne font pas souvent bon ménage... Alors, La légende de Jack Sparrow est-elle l'exception qui confirme la règle ? Pour éviter tout effet brutal de désillusion, reprenez un peu de rhum avant de lire la suite.

Invitation au voyage

A moins d'avoir été au fin fond du Brésil cet été, vous avez difficilement pu échapper à l'engouement crée par le deuxième volet de la triologie Pirates des Caraïbes, blockbuster hollywoodien renouant avec la grande tradition des films de pirates tels que Captain Blood ou Le Corsaire Rouge. Un cours de rattrapage s'impose donc histoire de remettre les pendules à l'heure. Jack Sparrow, capitaine roublard, opportuniste et complètement déjanté, arpente les mers du sud sur son fameux trois mâts, le bien-nommé Black Pearl. Il est accompagné d'un pauvre forgeron nommé Will Turner qui se retrouve bien malgré lui dans des ennuis de la taille de l'invincible Armada. Pirates fantômes, indigènes amateurs de chair humaine et autres empêcheurs de tourner en rond seront quelque-uns des obstacles que nos deux comparses de fortune rencontreront au cours de leurs périlleuses traversées. Si vous souhaitez en savoir plus, il suffit de visionner les films sus-nommés. Après un long tutoriel, vous retrouvez les deux loustics dans une position pour le moins inconfortable : arrêtés par les autorités royales, le "capitaine" Jack Sparrow et son âme damnée sont en passe d'être pendus pour toutes les fautes imaginables en lien avec la piraterie. Mais comme la durée de vie prendrait une tournure dramatique si elle s'en tenait à ce scénario, Jack décide de contester cet injuste châtiment et conte sa propre version des faits afin de gagner du temps et captiver la foule béate. Le jeu propose de revivre les récits de notre flibustier préféré et par la même occasion de nous faire participer à l'aventure. Détail très amusant, au cours du récit, Jack inclut des éléments complètement fictifs, rendant l'aventure beaucoup plus corsée ou incluant des protagonistes censés être à mille lieux de là. Ainsi, Will va se joindre au capitaine bien avant l'attaque de Tortuga, initiatrice du premier volet et de la rencontre des deux hommes.

C'est Errol Flynn qu'on assassine !

Le système de combos ne sert strictement à rien.

Le premier épisode jouable de Pirates des Caraïbes n'exploitait quasiment pas la licence à proprement parler. Il s'agissait surtout d'un nouvel épisode de la fameuse série de gestion/aventure/bataille navale Sea Dogs. Une idée plutôt bien fichue, puisqu'elle permettait aux fans de la première heure de retrouver une série subtile et raffinée. Mais la licence cartonnant en DVD et autres produits dérivés, Disney Interactive a préféré "revoir" le concept de la série et embrasse le Beat'them all, support pré-disposé pour des dizaines de licences. Après cette petite anecdote qui démontre le mode de pensée non-euclidien de nos éditeurs préférés, revenons à nos moutons. Sur le papier, c'est très alléchant. A travers une quinzaine de niveaux allant de l'attaque des pirates fantômes sur l'île du gouverneur, jusqu'à une excursion en mer de Chine, en passant par les mines de sel espagnoles, vous contrôlez Jack Sparrow et l'un de ses acolytes (Will Turner ou Elizabeth Swann) pour combattre avec panache des hordes d'adversaires. Enfin... avec panache, vous allez vite déchanté ! De prime abord, vous assistez à une animation risible, des combos visuellement ratées et inefficaces ainsi qu'à une absence de souffle épique. Bref, l'anti-thèse de ce que devrait être un bon jeu défoulant. Résultat des courses, vous passez votre temps à traverser des niveaux moches dotés d'une architecture vous laissant autant de liberté qu'un goulag russe.

Naufrage en vue !

Le périple de Jack le conduira jusqu'aux mers de Chine.

Reste à voir si l'épreuve ultime de tout Beat'them All qui se respecte est à la hauteur, à savoir : le boss de fin de niveau. Surtout, ne vous attendez pas à l'hydre de God of war, les nazguls du Retour du Roi ou encore le gros balèze du premier tableau de Double Dragon. Non. Pas de chance pour notre héros des temps modernes, il se voit confronté à un minable pirate écrasé sous des pierres et qui tire au mousquet. De plus, les boss ne nécessitent aucune technique spéciale pour se protéger. Pour les blesser, pas de rythme à retenir : il suffit de les frapper pendant quelques minutes pour en venir à bout. Les combos, coeur de ce type de jeu, ne servent à rien si ce n'est à ralentir la progression puisqu'ils n'ont aucune efficacité. Leur achat se fait en récupérant des pièces d'or à travers les niveaux. Vous pouvez également recharger votre vie ou les armes secondaires (hachettes de lancer et cocktails molotovs) en ouvrant divers coffres acheminés ici et là. Bref rien de nouveau sous le soleil des Caraïbes. Les seules choses à sauver sont la superbe musique entrainante et épique, les voix originales et l'humour qui arrive des fois à se glisser dans cet océan de nullité, un grand merci à Johnny Deep.
Les Plus
  • L'humour de Jack Sparrow
  • Les musique entrainantes
  • Pas grand chose d'autre en fait...
Les Moins
  • Un gameplay éculé, sans innovations et repompant grossièrement sur ses ainés
  • Des graphismes et animations très en deça de la norme actuelle
  • Des ennemis sans aucun charisme
  • Du temps et de l'argent dépensés pour ça
Résultat

En voulant copier Le Retour du Roi et l'aromatiser à la sauce pirates, les mousses de 7 Studios ne vont pas tarder à rejoindre les requins. Pirates des Caraïbes est non seulement un pâle remake de ces prédécesseurs mais il arrive à faire pire que ça. Plongeant le joueur dans un océan de nullité abyssale qui forcerait même les plus sains d'esprit à lâcher leur manette et se prostrer en position foetale. Si vous souhaitez jouer à un bon jeu de beat them all, tournez-vous vers Le Retour du Roi ou God of War. Pour retrouvez l'esprit satirique du film, penchez-vous sur la série des Monkey Island. Mais dans tous les cas, n'achetez pas ce jeu, incarnation de ce que les licences peuvent engendrer de plus mauvais. Vous êtes prévenu !

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